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Nicolas Thiffault-Chouinard

L'université est grande


Un texte sur l’importance d’être fidèle à soi-même, sur la nécessité d’être de bons êtres humains et non de seulement paraître comme tel. Paraître. Voilà le verbe qu’il faut détruire. Paraître, c’est avant tout cesser d’être. Paraître c’est déployer des efforts considérables pour se fondre dans les murs en béton gris d’une station de métro, pour que rien ne sonne faux. Paraître c’est vouloir exister, mais ne pas savoir comment.


Une université est un carrefour d’idées. C’est un endroit de science et d’art. Point à la ligne. Il s'agit d’un lieu de discussion respectueuse, un lieu de création, de confrontation d’idées où, après avoir échangé, les étudiants se serrent la main et partent en paix. Or, certains y sont pour d’autres raisons que celle d’élever leur esprit à la connaissance. Ils veulent bien paraître.


Paraître, c’est un verbe qui court-circuite toutes actions véritables. C’est le statu quo. Paraître est un verbe d’état, il vous paralyse et vous empêche de faire des choix. Paraître pour sauver les apparences, parce qu’il serait tellement dommage de mal paraître. Surtout pour une première impression. Parce que, évidemment, il faut tenir pour acquis que tous ceux que l’on rencontre vont nous juger… Il faut tenir pour acquis que ceux que l’on veut convaincre n’auront jamais d’esprit critique, ne seront jamais objectifs... Franchement.


Ceux qui se drapent dans le paraître, ceux-là empêchent les gens d’avancer. Ceux qui accordent tant de poids aux apparences, au fait que leur nom sera sali pour leurs idées, à la conception de l’image de marque, ceux-là, enveniment le débat. Ils ne participent pas à la solution. Mettre le couvercle sur une marmite bouillante, remplie d’explosifs, mettre le couvercle sur cette marmite prévient l’explosion, mais ne saurait désamorcer le problème réellement.


Une université ne devrait jamais agir ainsi; à plus forte raison, une Faculté de droit. Peut-être est-ce approprié pour une école de commerce, mais justement, c’est parce qu’il s’agit d’une école de commerce que les HEC peut se permettre d’être si près du concept d’entreprise et de protéger son image de marque. Une université devrait prendre de l’altitude, devrait réfléchir à ce qu’il faut faire et à comment le faire au lieu de se demander ce qu’il faudrait faire pour conserver un prestige, une réputation.


Pourquoi est-ce qu’une problématique réelle, menant à une dérive médiatique incroyable, appelle-t-elle, d’abord, une réponse marketing avant quelque réponse que ce soit? Je peux comprendre les velléités électoralistes d’une ministre en manque d’attention médiatique, mais la volonté de notre université de protéger son image de marque, j’y arrive moins facilement. La sacrosainte réputation de cette Faculté, ô combien réputée, menacée? Vraiment?

En de pareilles circonstances, il faut agir. Il faut montrer que l’on agit. Allez! Tuons donc une mouche avec un missile. On va passer pour des durs, des gens qui savent mater la révolte, calmer les troubles. Bonjour la proportionnalité. Bonjour le grand lien de causalité… Suis-je fâché ici? Oui. Un peu. Mais je ne serai jamais vraiment fâché devant ceux qui veulent agir pour le bien. Je n'entretiendrai qu’une pâle rancune envers ceux qui pensent bien faire. Au fond, il ne faut pas en vouloir à celui qui essaie, il faut tenter de le convaincre de changer de voie.


Ne succombons pas au tribunal de l’opinion, au jugement sans preuve. Soyons forts. Surtout ici, surtout nous qui défendons bec et ongle ces belles fictions que sont la présomption d’innocence et de bonne foi chez tous et chacun. Ne désespérons jamais, même lorsque les journalistes nous citent mal et qu’ils nous font mal paraitre. Soyons pédagogues, montrons-leur qu’ils n’ont pas raison, montrons-leur que nous savons résister au poids de leurs attaques mal dirigées, mal rédigées. Faisons-leur comprendre que nous sommes davantage qu’une entreprise en quête de bonne presse qui cherche à attirer de bons clients, mais plutôt un endroit où les idées se confrontent et d’où tous et chacun ressortent plus forts, plus grands. Où tous n’ont pas peur de prendre le flambeau, même au risque de se brûler, le paraitre, alors, a perdu. S’il ne gagne pas, c’est que nous existons. Si nous le comprenons tous, nous ne formons alors qu’un seul groupe. Et la basse politique alors… elle s’écrase.


Il n’est pas impossible de tuer une mouche avec un missile. L’image est bonne, c'est vrai. Faut-il aller jusque-là?

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