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Gregory Leone

Non scholae sed vitae discimus



« Pas pour l'école, mais pour la vie entière » : cette citation du philosophe romain Sénèque le Jeune, est, selon moi, au cœur du rapport sur la réforme du baccalauréat. En effet, en survolant le rapport, j'ai constaté que cette réforme veut inculquer aux étudiants les connaissances et les compétences qu'un juriste doit posséder pour participer pleinement à la société. En ce sens, je pense que cette volonté est un geste que nous devons accueillir à bras ouverts, car un juriste ne doit pas être déconnecté des mutations affectant la société dans laquelle il évolue. À ce titre, je discuterai de deux éléments qui me tiennent à cœur et dont j'ai constaté la présence dans le rapport : la question de combler le déficit culturel et le changement des méthodes d'évaluation.


Lors de ma première année à la Faculté de droit, j'ai constaté qu'il y avait un manque de perspective historique sur le droit. Certes, le cours Fondements du droit I a pour tâche d'inculquer les grandes étapes dans la formation des deux systèmes juridiques cohabitant au Canada, mais, parfois, j'avais l'impression que le récit proposé était décousu et n'offrait pas une vision globale de l'évolution desdits systèmes juridiques. Pas étonnant qu'après le cours, les étudiants le considèrent comme lourd et peu utile. Toutefois, ce problème peut être résolu si un récit cohérent est proposé; récit dans lequel les étudiants pourront se situer afin de saisir les interactions entre les bouleversements historiques et l'élaboration de la règle de droit. L'histoire, pour rependre les propos de Cicéron, est magistra vitae, c'est-à-dire une maîtresse de vie; c'est ce principe qui doit guider le cours Fondements du droit I.


Le changement des méthodes d'évaluation est fort pertinent, car, dans le quotidien d'un juriste, les compétences que nous avons développées en répondant à des examens écrits dans un temps fixe ne sont pas nécessairement celles que nous allons utiliser. Un juriste doit pouvoir communiquer à l'écrit d'une manière concise, s'habituer à communiquer oralement avec ses pairs et ceux qui ne sont pas juristes, faire preuve d'empathie, d'humilité et de compréhension. Je tiens à citer un extrait du Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas dans lequel Edmond Dantès, le personnage principal, et l'abbé Faria, celui qui sera un mentor pour Dantès, discutent d'éducation alors qu'ils sont emprisonnés au château d'If (1):


« Deux ans !, dit Dantès, vous croyez que je pourrais apprendre toutes ces choses en deux ans ? »


« Dans leur application, non; dans leurs principes, oui: apprendre n'est pas savoir; il y a les sachants et les savants: c'est la mémoire qui fait les uns, c'est la philosophie qui fait les autres. »

Ainsi, pour l'abbé Faria, il faut faire une distinction entre les connaissances et la mise en pratique de ces dernières. La mise en pratique de connaissances nécessite à la fois une bonne maîtrise de ces dernières, mais aussi des compétences et des qualités humaines. Cela rejoint le rapport où un équilibre veut être trouvé entre les connaissances, le savoir-faire et le savoir-être.


Somme toute, je pense que ce rapport est un grand pas dans l'élaboration d'une formation juridique qui ferait honneur à la citation de Sénèque exposée au début de cet article.


(1) Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo, Paris, Éditions Gallimard, p. 182-183 (coll. « La Pléiade »).

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