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Matthew Meland

Connaissez-vous la politique linguistique hypocrite de l’université?



Un anglophone entre dans une salle de cours. Une personne lui demande :

« Connaissez-vous la politique linguistique de l’université? »

« Excusez-moi, » répond l’anglophone, « pourquoi essayez-vous de m’insulter? »

« Vous insulter? Je ne vous insulte pas; je ne pose qu’une simple question », réplique l’interlocuteur.

« Mais c’est insultant puisque je suis tout à fait au courant du fait que je fais mes études à une université francophone. Vous cherchez simplement à démontrer votre supériorité avec cette question. »


Les anglophones et les allophones sont souvent confrontés avec cette question de politique linguistique à l’entrée des salles de classe par le biais des affiches d’une femme aux cheveux noirs frisés qui la pose. La politique linguistique de la faculté de droit est bien connue par les étudiants non francophones et est obligatoirement rappelée dans tous les plans de cours. Les examens et les travaux doivent être rédigés en français. Il y a la possibilité d’obtenir une exemption spéciale lors de sa première année, mais ensuite tout doit se faire en français. Il s’agit d’une pression supplémentaire pour tous ces étudiants de devoir rédiger dans une langue dans laquelle ils sont moins à l’aise. De plus, dans certains cas, des points sont retirés au niveau de la qualité de la langue lors des examens et travaux.


Même en choisissant de rédiger en français lors de sa première année, les étudiants anglophones sont rappelés à maintes reprises que leur langue n’est pas valorisée et qu’elle n’est qu’une exception dans une université francophone. Mais, ce qui est le plus surprenant, c’est le traitement diamétralement opposé de la langue française dans le programme de common law à l’Université de Montréal.


Le programme Juris Doctor enseigne le droit d’origine britannique et cela principalement en anglais. Donc, en suivant les politiques linguistiques du baccalauréat en droit, j’aurais pensé que les étudiants devraient rédiger leurs examens et travaux en anglais, sauf exemption spéciale. Mais non, dès la première journée de cours, les étudiants non anglophones sont mis à l’aise en leur disant que les examens et les travaux peuvent être rédigés soit en français, soit en anglais, ou soit même dans les deux sans avoir à entreprendre de démarches supplémentaires. Exactement la même politique linguistique des universités anglophones au Québec. Au lieu d’être ciblés par la politique linguistique, énormément d’efforts sont déployés afin que les étudiants francophones soient à l’aise d’étudier en anglais dans le programme qu’est le JD. Ils se sentent même confortables de poser leurs questions en français, malgré la langue d’enseignement anglaise.


La politique linguistique du programme de common law est l’opposée de celle du baccalauréat en droit et on en voit les résultats. Il y a énormément d’étudiants francophones dans le programme de common law. En traitant les anglophones et les allophones dans le baccalauréat en droit de manière opposée aux francophones dans le programme JD, l’Université démontre l’hypocrisie de sa politique linguistique. Dans le JD, les étudiants qui font leurs études dans leur deuxième langue sont encouragés par la politique linguistique alors que dans le baccalauréat en droit, la politique leur nuit. Une politique linguistique devrait encourager les étudiants à réussir au lieu de leur nuire. Le baccalauréat en droit comporte son lot de stress, et cela sans la nécessité de rédiger dans sa deuxième ou troisième langue. Si l’Université souhaite vraiment être inclusive et encourager plus d’étudiants anglophones et allophones à faire leurs études juridiques chez eux et leur permettre de bien les réussir, la solution est simple : elle doit uniquement appliquer la politique linguistique accommodatrice du programme JD au baccalauréat en droit.


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