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Sofia Panaccio

Oh darling, please mansplain this to me



Après avoir constaté l’étendue d’articles plus ou moins sérieux concernant les mesures que devrait prendre la gent féminine afin d’assurer sa sécurité dans notre société actuelle qui circulent dans les médias de notre ère, j’ai réalisé que l’égalité des sexes était un concept très éloigné de notre réalité. En effet, sous cet océan d’informations et de conseils s’étendant de la liste des 50 endroits où les femmes ne devraient jamais aller seules aux tenues provocantes à éviter, comment les femmes peuvent-elles se considérer comme étant égales aux hommes alors que la société dans laquelle elles vivent les paternalise et les protège sans cesse? Il est peut-être temps que nous cessions de suivre ces avertissements surprotecteurs et dégradants à la lettre afin de nous extirper de ce climat de craintes et de restrictions.


Sommes-nous rendus à un point où sourire à un inconnu dans la rue et demander l’heure sont considérés tels des gestes dangereux, car ceux-ci pourraient être interprétés comme des manoeuvres particulièrement sexuelles à l’égard de la gent masculine? Les femmes sont-elles réprimées par notre société à un tel point où elles ne peuvent plus porter leur jupe préférée, puisqu’elles seraient considérées comme aguichantes? Tout cela semble quelque peu exagéré de considérer la femme du 21e siècle telle une femme-proie vulnérable et constamment en danger.


D’abord, il y a pertinemment une nuance à faire entre la précaution et la paranoïa. Il me semble que les femmes ne devraient pas s’empêcher de vivre et de faire ce que qu’elles aiment, car elles craignent pour leur sécurité dès qu’elles quittent leur domicile. Pourquoi ne pas apprendre aux jeunes filles à ne pas avoir peur de marcher seule la nuit plutôt que de les encourager à se munir de poivre de Cayenne ou de marcher en groupe?


Le terme « féminisme » a eu beaucoup d’écho ces derniers temps. Or, les progrès concernant la parité homme-femme seront insatisfaisants tant et aussi longtemps qu’une femme ne pourra agir de la même manière qu’un homme. Dans une représentation d’un monde idéalement égalitaire, la femme moderne irait à la rencontre d’inconnus de la même façon qu’un homme peut le faire au quotidien de manière tout à fait normale. À l’heure actuelle, un tel comportement de la part d’une femme est plutôt perçu comme dangereux et imprudent. Certes, il faut aller au-delà de cette mentalité protectionniste afin de faire évoluer le statut de la femme. C’est une étape nécessaire, puisqu’une femme sera encore plus forte si elle va au-delà des peurs alimentées par les médias et les moeurs sociétales que si elle se conforme à ces conseils généralement promulgués par des hommes. Cela n’est-il pas curieux que ces conseils de sécurité soient généralement émis par la gent masculine alors qu’ils s’adressent aux femmes?


Cette constatation se rattache à un concept émergent de l’idéologie féministe moderne : le mansplaining. Cette idée illustre une situation dans laquelle un homme se croit en devoir d’expliquer d’une façon paternaliste et/ou condescendante à une femme quelque chose qui la concerne de manière directe ou personnelle. Ainsi, lorsqu’une femme se fait conseiller sur sa manière d’agir par un individu du sexe opposé, cela n’est-il pas une certaine forme d’affirmation de leur présumée suprématie patriarcale? Peut-être bien que oui. Quoi qu’il en soit, afin d’assurer une considération égale des sexes, il faut mettre un terme à ce phénomène de mansplaining, puisque cela suggère fortement que les femmes ne soient pas en mesure de réfléchir par elles-mêmes, et qu’elles seraient donc intrinsèquement inférieures aux hommes.


Certes, d’un certain point de vue, le mansplaining aurait plutôt tendance à renforcer le sexisme envers les hommes étant donné que nous, les femmes, les accuserions à tord de bien vouloir nous expliquer le sens de certaines choses que nous ne comprenons pas. Ainsi, y aurait-il également un phénomène de womansplaining? Une étude de 2014 produite par la professeure Adrienne B. Hancock de l’Université de Washington portant sur l’influence du sexe de l’interlocuteur lors d’une conversation a démontré que les hommes étaient davantage prompts à interrompre leurs interlocuteurs de sexe féminin que ceux du sexe opposé. En effet, lors d’une discussion d’une durée de trois minutes, les sujets masculins de l’étude conversant avec des femmes ont en moyenne interrompu celles-ci 2,1 fois alors que, lorsque ces mêmes sujets s’entretenaient avec des hommes, ils faisaient en moyenne 1,8 interruption. Ces résultats ne sont pas choquants, mais ils illustrent bien le phénomène du mansplaining. Dès lors, le mansplaining semble plutôt être une manière de dénoncer l’attitude condescendante qu’adoptent certains hommes envers les femmes lors de conversations et débats au quotidien qu’une attaque personnelle de la part des féministes envers la gent masculine.


Enfin, les femmes de 2017 devraient s’assurer d’être prudentes, alertes et informées, mais non apeurées. Ces dernières ne devraient pas craindre de s’affirmer autant par leurs actes que par leurs paroles.

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