Nous ne connaissons que les apparences et cela nous suffit. L’habit ne fait pas le moine, mais tous les moines portent l’habit. La caverne de Platon est celle d’Ali Baba. Nous amassons des possessions qui nous possèdent et aimons des biens qui nous font du mal. Notre volonté n’y peut rien changer, car nos désirs sont désordre.
Prêter serment n’est qu’un prêt, et il nous tarde qu’il nous revienne. Nous parlons de parole d’honneur pour oublier celles de déshonneur. Tout est calculé. Nos excuses sont inintéressantes, toujours intéressées. Si la vérité n’est qu’un mensonge, le mensonge est vrai. Si le bonheur n’est plus qu’un songe, le réel effraie.
Nos péchés s’accumulent et nous n’avons de remords que lorsque s’approche la mort. Mais, puisqu’il nous est impossible de ne pas fauter, devons-nous nous en repentir ? Quand la coupe est pleine, on ne peut la renverser.
Nous nous laissons aller, mais n’allons nulle part. Nous n’avons rien à perdre, mais rien à gagner. Le temps passe et ne repasse pas. Cette vie n’est qu’un test. Et chaque jour qui passe est un de moins qu’il nous reste.
Qui est l’homme ? Il se trompe et il nous trompe, il hait son prochain, mais il est son prochain. Combien de temps encore tentera-t-il d’atteindre les astres ? Il est la poussière de la Terre, pas celle des étoiles. De la première aurore au dernier crépuscule, tout fut écrit. Du grain de poussière à l’immense univers, tout fut décrit. Sa vie durant, l’homme se veut utile. Nous vivons en vain, nous mourrons pour rien; tout est futile.
Combien de jours ont déjà passé ? Combien, avant d’être des trépassés ? Se réveiller n’est qu’un cauchemar. Nous coulons, mais larguons les amarres. Rien ne peut étancher la sécheresse de nos âmes. Nos peines sont moins vaines que nos passions. Les pluies sont les larmes versées depuis la Création.