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Andrea Roulet, co-chef du PADUM

Chère moi de première année



Chère moi de première année,


Félicitations ! Tu as été admise au fameux baccalauréat en droit! À ce point-ci, sans même aller plus loin, tu es membre d’un groupe d’individus de la société très accomplis.


Les initiations, ah, je m’en rappelle bien. Je sais que tes mains sont moites et que tu es entourée par des visages inconnus. Tu te demandes si ce sera difficile de te faire des amis alors que c’est déjà difficile de t’exprimer en français. Vont-ils te juger pour ton accent ? As-tu vraiment besoin d’amis dans le programme ? Vas-tu te convaincre que tu n’as pas besoin d’essayer de te faire des amis comme tu en as déjà beaucoup ? Comme tu en as beaucoup, tu n’as pas besoin d’aller aux initiations.


Chère moi de première année,


Ça fait trois semaines que les cours ont commencé. Les intras sont dans trois semaines, mais tu n’as pas vraiment pensé à tes études. En fait, ça fait maintenant 18 jours que tu n’as pas dormi. Tu le sais parce que tu les comptes sur un papier dans ta chambre. Chaque jour, tu bois au moins quatre cafés, mais que fais-tu des repas ? En fait, ils sont absents comme tu n’as plus d’appétit. Avant, tu allais au yoga deux fois par semaine, mais ça fait maintenant six jours que tu as décidé d’arrêter. Tu es persuadée que tu ne pourras pas faire une session sans pleurer sans savoir pourquoi. Tu ne vois plus la lumière. Tu te couches ce soir en pensant que si tu ne te réveilles pas demain matin, ce ne serait pas la pire des choses.


Chère moi de première année,


Novembre. Ça fait deux semaines que ta mère t’a forcée à te peser. Vous avez pleuré ensemble pendant trois heures. Par contre, tu ne pouvais répondre à ses questions. « Mais pourquoi tu te sens déprimée ? Pourquoi ne m’as tu rien dit ? As-tu eu peur de me parler ? » Quatre ans plus tard, maman, je te dis que j’avais honte. Comment ça, moi, une jeune femme de 22 ans avec des résultats académiques incroyables, une athlète de niveau compétitif dans plusieurs sports, bref, une personne avec une vie facile en comparaison avec celle de plusieurs individus sur la planète, j’étais rendue içi ? J’ai honte parce que je ne pensais pas avoir le droit d’être triste.


Chère moi de première année,


Fin décembre, ça fait maintenant plus de six semaines que tu parles avec quelqu’un. Tu as maintenant validé ta tristesse et ton anxiété. Tu sais que ça ne crée pas de distinctions entre un individu et un autre. La dépression affecte tout le monde. Je te le dis, moi de première année, que ça ne va pas te briser. En fait, dès le moment où tu commences à en parler avec quelqu’un, tu commences le vrai travail. Tu fais tes exercices, avec la même intensité et détermination que l’effort que tu mettais autrefois dans un sport, mais cette fois-ci pour travailler sur toi, pour améliorer ton état psychologique, pour sortir de cet espace noir et pour voir la lumière. Dès que tu as commencé à parler avec quelqu’un, tu t’es rendue compte que c’était possible et que tout allait bien aller.


Chère moi de première année,


Je te remercie de t’être donnée la chance de t’améliorer. Je te remercie d’être allée parler avec quelqu’un. Je te remercie d’avoir compris que la meilleure chose que tu pouvais faire était de parler avec quelqu’un. Je te remercie de ne pas abandonner ton désir de travailler dans le domaine de tes rêves même si tes notes de la première session ont été horribles. Je te remercie d’avoir persévéré et d’avoir complété le baccalauréat même quand tu as été en retard après avoir abandonné quatre cours suite à la recommandation de ton médecin. La personne que tu seras dans quatre ans te remercie de tout son cœur pour avoir pris la meilleure décision de ta vie, même meilleure que celle d’entrer au baccalauréat en droit à l’Université de Montréal : la décision d’aller parler avec quelqu’un. Merci de l’avoir fait.


***


Andrea est étudiante au JD et elle est co-chef du PADUM, un service d’écoute active par et pour les étudiants en droit ouvert de 9h à 17h du lundi au jeudi et de 9h à 12h45 le vendredi au local A-9565-9. N’hésitez pas à venir à notre rencontre ; nous sommes là pour vous.

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