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J’ai été victime d’agression sexuelle



J’ai été victime d’agression sexuelle. Oui, c’est vrai, je le dis et j’en parle. Mais c’est quoi une agression sexuelle ? Selon les orientations gouvernementales en matière d’agression sexuelle, c’est « un geste à caractère sexuel, avec ou sans contact physique, commis par un individu sans le consentement de la personne visée ou, dans certains cas, notamment dans celui des enfants, par une manipulation affective ou par chantage. Il s’agit d’un acte visant à assujettir une autre personne à ses propres désirs par un abus de pouvoir, par l’utilisation de la force ou de la contrainte, ou sous la menace implicite ou explicite. Une agression sexuelle porte atteinte aux droits fondamentaux, notamment à l’intégrité physique et psychologique et à la sécurité de la personne ». On dit souvent que ça ne nous arrivera jamais, que ces genres d’affaires-là ça n’arrive qu’aux autres et que ça ne touche personne de notre entourage. Pourtant, c’est une femme sur trois et un homme sur six qui vont être touchés par ça au cours de leur vie.


J’ai été victime d’agression sexuelle. On marche sur les mêmes planchers, on fréquente les mêmes personnes et on respire la même atmosphère, situations lors desquelles on lui dit souvent un « Salut, comment ça va ? ». Même si je voudrais, même si on voudrait le nier, c’est impossible de le faire disparaître puisqu’il est là, il existe, c’est quelqu’un de notre entourage quotidien. J’ai toujours cru que si ça m’arrivait un jour, je n’allais pas connaître la personne en question et pourtant, les statistiques disent que 80 pourcents des agresseurs sont connus par la victime, homme ou femme.


J’ai été victime d’agression sexuelle. Je marche jusqu’à l’école et je vois où le tout s’est déroulé, chaque mouvement et chaque moment imprégnés dans ma tête. J’ai vu un nouveau-né se faire bercer par sa mère, j’ai vu une fille de mon âge marcher avec son petit chien, j’ai vu deux vieilles dames se tenir par la main en chuchotant des paroles que le monde ne saura jamais, le tout au même endroit où l’action s’est déroulée. Il faut briser le stéréotype selon lequel les agressions ne se produisent que tard le soir dans un lieu sombre et isolé. Ça peut se produire n’importe quand dans la journée et ça peut se produire n’importe où, souvent dans un endroit privé, tel que l’appartement de l’agresseur ou de la victime, et ça se manifeste la plupart du temps sous la forme d’une action subtile et calculée par la personne en question.


J’ai été victime d’agression sexuelle. Pourtant, je ne portais que des pantalons verts et un chandail chaud noir non révélateur avec un arc-en-ciel dans le coin gauche. Ça n’arrive pas juste aux personnes vêtues d’un ensemble révélateur, ça peut arriver à n’importe qui et il faut briser ce stéréotype-là. Pourtant, je n’avais aucune goutte d’alcool dans mon corps, même s’il insistait mille et une fois que ça allait être mieux si j’en prenais. Il ne faut pas oublier que la drogue du viol numéro un demeure l’alcool.


J’ai été victime d’agression sexuelle. Après qu’il m’ait dit, « je te regarde depuis un moment, je te veux depuis un bout, je veux qu’on joue à des jeux ensemble », après qu’il ait essayé de me toucher et que j’aie répété non quinze fois de suite, j’avais peur pour ma personne. Maman, papa, petit frère, j’avais peur que tout ce que vous m’aviez enseigné par rapport à ça n’allait servir à rien. J’avais peur et j’ai encore peur. Pourtant, pendant les initiations, c’était clairement indiqué sur nos chandails et sur les verres de la FAÉCUM que « Sans oui, c’est non ! ». Et après les initiations, que vaut ce slogan ? N’est-il que quelques mots sur un bout de papier ? J’avais l’impression que tu avais déjà oublié la signification de ces quelques mots si importants et pourtant, ça ne s’est passé que quelques semaines après les activités d’intégration. Combien de fois devais-je répéter le mot non pour que tu me laisses ? Un peut-être ou un hochement de tête quelconque n’est pas un oui. Un oui dit par une personne intoxiquée n’est pas un oui. Le fait qu’il n’y ait pas de réactions fortes ne veut pas dire que vous pouvez continuer. Il faut que les deux parties soient CONSENTANTES, et ce, verbalement et dans un temps normal.


J’ai été victime d’agression sexuelle. Je ne veux pas que vous me preniez en pitié. Au contraire, jeunes, vieux, entre les deux, je veux qu’on en parle entre nous, je veux qu’on s’en informe ensemble, je veux qu’on aille au-dessus des tabous de la société, je veux qu’on brise les stéréotypes et qu’on démystifie les mythes et les réalités sur les agressions sexuelles. Il n’y a que dix pourcents des victimes qui le dénoncent, par un moyen ou par un autre, par crainte d’être jugées, par crainte que les gens qui les entourent réagissent négativement, par crainte d’être identifiées comme gens cherchant de l’attention, par crainte qu’on ne va les identifier que par l’étiquette « victime d’agression sexuelle ».


J’ai été victime d’agression sexuelle et je veux qu’on en discute entre hommes et femmes, entre être humain et être humain, puisque je ne veux pas que la prochaine personne soit vous.

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