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Sofia Panaccio, Pair-aidante au PADUM

Les relations toxiques: plus proches qu’on le croit?


Une ecchymose au coin du visage, une lèvre fendue, un bras meurtri : la violence physique au sein d’une relation de couple est bel et bien détectable à l’œil nu. Or, qu’en est-il lorsque les dommages sont émotionnels et affectent la santé mentale de la victime?


L’abus émotionnel, qui se fait plus discret et difficile à repérer que les abus verbaux et physiques, est pourtant aussi grave, voire même plus déstabilisant que ceux-ci. Les répercussions de ce type de violence sont lourdes et difficiles à supporter pour les victimes, et ce, autant à court terme qu’à long terme. Selon une étude de l’Université du Michigan datant de 2015, les effets psychologiques ne sont même qu’une facette du problème, car des douleurs physiques comme des maux de dos et de cou, des migraines chroniques et des crises de panique représentent aussi les lourdes conséquences d’un abus à long terme (1).


L’impact quotidien des relations abusives est immense. Le stress et toutes les autres conséquences que cela engendre peuvent grandement nuire au bon fonctionnement d’une étudiante. Ce phénomène est si fréquent qu’il semble être banalisé. Les relations saines sont-elles démodées? Faut-il croire Taylor Swift lorsqu’elle chante dans sa chanson Blank Space : « Boys only want love if it's torture » ?


Le stress chronique semble souvent le symptôme avant-coureur le plus flagrant. Or, nos vies tellement remplies (et tellement stressantes) font que de tels signaux peuvent facilement passer inaperçus. Compte tenu du fait qu’environ 30% des Canadiens de 15 à 29 ans se considèrent soumis à un niveau de stress élevé au quotidien, il parait quelque peu ambigu d’identifier facilement les sources des agents stresseurs (2). Ce genre d’abus, ainsi que ses conséquences, restent donc banalisés et mis de côté.


Certes, l’abus relationnel et les relations toxiques ne sont pas exactement ce que nous pouvons qualifier d’agents stresseurs. Ce sont plutôt des problèmes interpersonnels sévères. D’abord, cette problématique d’interprétation réside dans le fait que le terme « relation toxique » a une connotation négative dans un contexte social. Ainsi, il y a une certaine gêne à qualifier un lien amoureux de toxique, surtout lorsqu’il est question de notre propre relation de couple.


Le déni est souvent l’une des facettes amères d’une situation d’abus émotionnel. De manière générale, les victimes semblent développer un sentiment de honte à l’égard de la violence qu’elles subissent. Certaines auront donc de la difficulté à affronter la réalité et à en parler à leur entourage. En psychologie, une telle relation est définie comme créant un état de négativité interne entre deux personnes qui est alimenté par des pensées négatives, une baisse de l’estime de soi, des jugements négatifs et un sentiment de remise en question.


L’abus mental et émotionnel se fait la plupart du temps graduellement et par phases. Au premier abord, les victimes perdent peu à peu confiance en elles à force d’être dans une situation précaire. À ce stade, on peut constater une forme d’abus mental nommée le « gaslighting ». Ce phénomène de manipulation consiste généralement à déformer de l’information, à omettre sélectivement certains détails ou à présenter sous un autre jour certains renseignements afin de favoriser l'abuseur ou dans le but de faire douter la victime de sa mémoire, de sa perception des choses et de sa santé mentale. Cette forme de manipulation peut donc aller jusqu’à faire douter la victime de son propre jugement et altérer sa vision de la réalité. Certaines des expressions les plus courantes rattachées à ce type d’abus psychologiques ressemblent à « t’es fou, ce n’est jamais arrivé », « tu t’imagines beaucoup trop de choses » et « tu es bien trop sensible ».


Or, le gaslighting est bel et bien une forme d’abus émotionnel qui peut causer des répercussions sévères sur la santé mentale des victimes. La dépression, les troubles d’agressivité, l’insomnie et les pensées suicidaires peuvent notamment en découler.


Avec le temps, l’abus psychologique rend la victime plus anxieuse et incertaine dans ses décisions. Les problèmes de confiance sont au cœur de ce problème. Effectivement, les personnes qui ont subi de telles violences émotionnelles semblent avoir plus de difficultés à s’ouvrir et à faire confiance à autrui. Ces dernières ont des difficultés à s’engager de nouveau dans une relation amoureuse, puisqu’elles craignent que tout cela se reproduise avec un autre partenaire.


Marcia Sirota, une psychiatre de Toronto, recommande avant tout aux victimes qui se trouvent dans une telle situation d’identifier les motifs qui les avaient menés vers un conjoint abusif (3). De plus, elle suggère de bien connaître les limites de notre seuil de tolérance dans une relation amoureuse afin de les faire respecter. Mme Sirota conseille enfin de se faire confiance, de se respecter autant dans nos besoins que dans nos désirs et d’avoir espoir en un amour sain après avoir vécu une relation émotionnelle toxique.


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Sofia est une étudiante de deuxième année au baccalauréat en droit et elle est pair-aidante au PADUM, un service d’écoute active par et pour les étudiants en droit. Ce service est ouvert de 9h à 17h du lundi au jeudi et de 9h à 12h45 le vendredi au local A-9565-9. N’hésitez pas à venir nous voir. Nous sommes là pour vous.




1) Live Strong. (2015). Long-Term Effects of an Emotionally Abusive Relationship. Repéré à http://www.livestrong.com/article/93111-longterm-effects-emotionally-abusive-relationship/

2) Institut de la Statistique du Québec. (2014). Regard statistique sur la jeunesse : État et évolution de la situation des Québécois âgés de 15 à 29 ans 1996 à 2012. Repéré à http://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/conditions-vie-societe/regard-jeunesse.pdf

3) Hutkin, E. (2014, 23 septembre). Unhealthy relationships cause unhealthy bodies. The San Diego Union-Tribune. Repéré à http://www.sandiegouniontribune.com/news/health/sdut-unhealthy-relationships-unhealthy-bodies-2014sep23-htmlstory.html

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