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L'anxiété sociale: mythe chez les étudiants en droit?

  • Hélène Maurice, pair-aidante au PADUM
  • 2 déc. 2017
  • 4 min de lecture

On l’a tous vécu. Ce petit stress, le trac, avant un événement social important, un exposé oral ou une entrevue. Cette légère anticipation qui nous crée une boule dans l’estomac et pour laquelle on a les mains moites. Chez certains, ce stress peut devenir un obstacle insurmontable pour lequel ils ne voient alors plus qu’une seule solution : l’évitement. À ce stade, cette peur d’être confronté à des évènements sociaux atteint un tel niveau qu’elle crée des conséquences néfastes chez celui qui en est atteint. Les conséquences peuvent atteindre autant la sphère professionnelle que personnelle des personnes atteintes d’anxiété sociale.


Ce type d’anxiété, aussi appelé la phobie sociale, est le trouble anxieux le plus répandu dans la population [1]. On peut le décrire comme étant une « peur ou […] une appréhension d’être observé ou jugé négativement par les autres et d’être embarrassé ou humilié »[2]. Cette crainte est considérablement amplifiée et pousse la personne qui en souffre à éviter toute situation qui la confronterait aux réalités sociales, particulièrement lors des occasions où la personne risque d’être jugée négativement. Pour un étudiant en droit, les situations où l’anxiété sociale peut être ressentie sont nombreuses. On peut penser aux entrevues, aux exposés oraux ou, plus particulièrement, les soirées de réseautage.


On devine facilement qu’une personne souffrant d’anxiété sociale se sentira particulièrement diminuée dans son cheminement au sein de notre Faculté de droit. Les occasions d’évènements sociaux ne manquent définitivement pas à la Faculté et on comprend rapidement à notre arrivée que ceux-ci sont l’ingrédient secret du succès. On pourrait faussement croire que l’anxiété sociale ne peut atteindre un étudiant de la Faculté de droit si l’on se fie aux stéréotypes toujours en vigueur selon lesquels ce ne sont que des personnes de caractère et de forte personnalité qui se joignent à nos rangs. Toutefois, l’anxiété sociale peut atteindre toute personne, même celles que l’on dépeint comme ayant une forte personnalité et ayant « du caractère ».


Laissez-moi mentionner quelques exemples pour illustrer cette idée. Une personne souffrant d’anxiété sociale pourrait éviter les initiations, les diverses possibilités d’implication (comme s’il pouvait en manquer à la Faculté!), pourrait aussi éviter les conférences (même celles qui lui semblent les plus intéressantes) et, surtout, les soirées de réseautage. En résumé, toutes les situations où la personne risque de se trouver dans une position où il y a une possibilité que les autres la jugent négativement. Or, cet évitement peut entraîner des conséquences négatives, et peut-être des regrets pour la personne qui souffre d’anxiété sociale. L’expérience facultaire est de courte durée et les opportunités de développer son réseau professionnel sont nombreuses et nécessaires pour débuter sa carrière du bon pied. Normalement, pour nourrir sa méthode d’évitement, une personne atteinte d’anxiété sociale trouvera des excuses convaincantes en vertu desquelles elle se justifiera à elle-même ce choix de ne pas se présenter aux événements.


Pour contrer et arriver à surmonter l’anxiété sociale lorsqu’on en reconnait les signes, il est important d’en parler et de consulter les professionnels appropriés. Plusieurs ressources sont offertes à l’Université de Montréal, dont les psychologues du Centre de santé et de consultation psychologique. Il est aussi possible de cesser de recourir à l’évitement en se donnant des objectifs qui permettent de faire de petites avancées. Les objectifs doivent permettre de faire face aux situations qui paralysent la personne atteinte et de réduire l’anxiété à un niveau de stress contrôlé. Il est important de cesser de recourir à l’évitement dès que l'on constate les conséquences de celui-ci sur divers aspects de notre vie, tant personnelle que professionnelle. En effet, l’évitement maintient l’anxiété face aux situations qui nous font peur.


Pour revenir au titre de cet article, je suis convaincue que l’anxiété sociale n’est pas qu’un mythe chez les étudiants en droit, mais bel et bien une réalité. Nous avons tous pu constater ou observer chez certains de nos collègues une certaine absence lors des événements facultaires. Il ne s’agit probablement pas d’anxiété sociale dans tous les cas, on a tous des excuses légitimes pour manquer certains événements. Toutefois, comme l’anxiété sociale est le trouble anxieux le plus fréquent dans la population en général, il serait judicieux de porter attention aux signes que l’on peut retrouver chez nos collègues et d’y prêter une écoute attentive.


Finalement, je suis d’avis que l’ambiance fortement compétitive de la Faculté de droit, spécifiquement, aide à entretenir de fausses croyances telles que celles créées par l’anxiété sociale. Cette compétition est à l’origine d’autres maux qui accablent nos étudiants et un message d’inclusion et de respect des différences offrirait une meilleure expérience universitaire pour la majorité d’entre nous. Un changement de mentalité est nécessaire pour combattre certains stéréotypes qui prospèrent encore aujourd’hui.


[1] « Le trouble d’anxiété sociale ou phobie sociale », Association canadienne des troubles anxieux.

[2] Id.


Hélène est une étudiante de deuxième année au baccalauréat en droit et elle est pair-aidante au PADUM, un service d’écoute active par et pour les étudiants en droit. Ce service est ouvert de 9h à 17h du lundi au jeudi et de 9h à 12h45 le vendredi au local A-9565-9. N’hésitez pas à venir nous voir. Nous sommes là pour vous.

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