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Hanane Loumi

Le Nouveau Code de déontologie de l'élève de Droit



Pourquoi ne pas inventer un nouveau code qu’on intitulerait « le Nouveau Code de déontologie de l’élève de Droit »?

Ce code, comme tout autre, se présentera comme un ensemble de normes sous forme de dispositions qui dicteront le comportement du « bon élève de la Faculté de droit ». Ceci te rappelle sans aucun doute la notion du « bon père de famille », concept qui permet d’évaluer le comportement d’une personne donnée en la comparant à celui d’un individu abstrait afin d’établir s’il y a présence ou non d’une faute. Dans le cas du « bon élève de la Faculté de droit », il y aurait faute s’il y a non-respect et dérogation partielle ou totale du code. Celui-ci est donc d’une application assez large et libérale et permet qu’on s’écarte du comportement idéal tant que c’est raisonnable et que l’esprit général du code soit respecté.


Rendu là, tu te demandes sans aucun doute ce que pourrait bien contenir ce code de déontologie du parfait élève de la Fac de droit. Et bien, je te rassure, cet élève n’a pas nécessairement des A+ dans tous ses cours et n’a même pas besoin d’avoir été recruté à sa deuxième année par Stikeman Elliott ou Norton Rose Fullbright. Cet élève va juste s’écarter de la norme préétablie et très connue de tous les élèves en droit, norme qui caractérise ces derniers même aux yeux des gens extérieurs. Cette règle implicite dicte que tout élève dans ce programme doit être non seulement impliqué un peu partout à l’Université, et avec un peu de chance, faire partie intégrante de l’exécutif de l’AED, mais aussi faire du Pro Bono ou autre bénévolat à l’extérieur de l’Université, assister à tous les 4 à 7 et à toutes les conférences pour essayer de susciter l’attention des avocats et avocates invités, écrire de passage un ou deux articles au Pigeon Dissident, être recruté par un des gros cabinets pour un stage, continuer à avoir une vie sociale pleine et entière que ce soit en allant à la maisonnée avec ses collègues de l’Université ou au chalet la fin de semaine avec des amis, famille ou copain(e), et finalement avoir un petit boulot pour se payer tous les vêtements chics qui caractérisent tout élève en Droit digne de ce nom. Tu dois bien avoir un petit sourire au coin, mon petit coquin... c’est peut-être parce que tu te reconnais dans cette caricature.


Peut-on faire fi de cette image pour un instant? Tout simplement, parce qu’avec cette représentation viennent d’énormes sacrifices et conséquences. La réalité est que, derrière tout ce travail acharné, se cache beaucoup de compétition entre les élèves. Ne me méprenez pas. La compétition est une très belle qualité à avoir et qui cache derrière elle beaucoup de labeur, de persévérance, de motivation et de patience. Toutefois, celle-ci devient très malsaine lorsqu’elle est mélangée à un cocktail de pression sociale et personnelle et d’un mauvais équilibre de vie, le tout pour les mauvaises raisons.


Des amis m’ont déjà avoué avoir participé à la course au stage sans vouloir en obtenir un. La raison motivant leur application était que « c’est la norme... je devais le faire. » Alors que d’autres collègues m’ont révélé ne dormir aussi peu que cinq heures par nuit au meilleur à cause de leur agenda trop chargé. Certains m’ont même déjà dévoilé ne pas aider leurs collègues dans le besoin en ne partageant pas leurs notes de cours « parce que je veux être au-dessus de la courbe... si je ne l’aide pas, il fera baisser la courbe et j’aurai une meilleure note ». Ne trouvez-vous pas ces confidences alarmantes? Il est temps de changer ça.


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Donc, à la place de compétition, pourquoi ne pas apprendre aux élèves l’entraide et le partage tout simplement, puisque ce n’est pas en rabaissant les autres qu’on se valorise?

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À la place de pression et de burn out, pourquoi ne pas apprendre aux élèves à faire preuve de discipline, d’organisation et même de repos? Eh oui ! le mot interdit. Il faut trouver un bon équilibre de vie et ne pas oublier ses intérêts, ses passe-temps et sa vie sociale. Car, encore une fois, ne me méprenez pas. Je ne suis pas une partisane du « rien faire » ou encore du « moindre effort ». Être impliqué, que ce soit dans des associations, organismes communautaires, projets parascolaires et autres, est une bonne chose. Mais à toute bonne chose, il y a une limite. Le plus important est de trouver un certain équilibre, de ne pas se perdre et surtout de s’impliquer pour les bonnes raisons. « C’est bon dans mon CV » n’en est pas une. Finalement et pas des moindres, à la place du paraitre pourquoi ne pas être? J’ai remarqué, comme beaucoup d’autres collègues de la Faculté, que les étudiants ont une façade et font toujours semblant que tout va bien. Ils comprennent tout ce que le Professeur dit et ne vivent aucun stress. Toutes leurs lectures sont toujours faites et ils sont à jour dans tout. Ils n’ont aucune note plus basse que A- et la course aux stages ne leur fait pas peur. Cependant, lorsque tu parles seul à seul avec certains, tu réalises que tout cela n’est qu’un faux semblant qui, pourtant, crée beaucoup d’anxiété chez certains qui se sentent impuissants et « pas bons ».


En quelques mots, ce que je désire animer en vous, chers étudiants de la Faculté de droit, est l’amour de l’entraide, du partage, de la sincérité, de l’empathie et du courage. N’ayez pas peur de vous confier. Ne craignez pas le regard des autres. Créez un environnement sain rempli de soutien, en étant vous-mêmes une épaule sur laquelle on peut s’appuyer. Et surtout, donnez le bon exemple pour les nouveaux étudiants qui arrivent cette année afin de rendre cette Faculté d’autant plus accueillante.


Hanane Loumi


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