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Grecia Esparza

1095 jours après

Je m’étais promise d’arrêter de suivre la campagne électorale sur les réseaux sociaux lorsque le débat sur l’immigration surgirait. La méchanceté gratuite que l’on voit défiler sur nos fils d’actualité me trouble. L’opinion des gens « sur le bord du racisme » ne m’intéresse pas. Comprenez-moi bien, je ne dis pas qu’il ne faut pas s’y intéresser. Tout le contraire, je souhaite que, collectivement, on réfléchisse à ces enjeux, mais faisons-le dans le respect.

Depuis le 7 septembre, j’ai donc arrêté de lire les commentaires des articles portant sur la question et diminué mon activité sur les réseaux sociaux. Toutefois, en voyant le débat se dérouler autour d’un combat de chiffres, d’un test des valeurs à moitié compréhensible, par le propre chef du parti qui le propose, je ne pouvais plus rester passive.

Lors d’un cours, un de mes profs a posé la question suivante : « quand est-ce qu’on arrête d’être un immigrant? ». Après cinq ans, dix ans, vingt ans, lorsque l’on devient citoyen… ; les réponses variaient d’un étudiant à l’autre. Un autre étudiant répondait se sentir encore un immigrant, même s’il était né ici.

J’avais envie de répondre que j’ai arrêté de me considérer moi-même immigrante lorsque je l’ai décidé. Mais j’aurais menti. Je ne me suis pas réveillée un jour et décidée que je n’étais plus immigrante. Non, c’est plutôt un long processus et un ensemble de facteurs que je ne pourrais pas décrire. Un apprentissage constant d’une nouvelle langue, une nouvelle culture. Appréhendant chaque jour un peu plus les différentes façons de faire, tout en gardant mes racines, me rappelant de la terre où je suis née et où toute ma famille y vit encore.

Alors, comment mesurer le niveau d’intégration des immigrants? Je ne le sais pas, mais ce n’est certainement pas un test de valeurs qui pourra répondre à un tel concept subjectif.

Les différents partis s’entendent pour dire qu’il faut plus des ressources, offrir un accompagnement dès l’arrivée des immigrants. Ce sur quoi ils diffèrent est le nombre d’immigrants que le Québec devrait recevoir annuellement. On parle ici de l’immigration dite économique, seul groupe que le gouvernement québécois pourrait limiter, dont les membres sont sélectionnés suivant des critères tels la langue et les compétences.

Diminuer, maintenir ou augmenter ? La question de « l’urne », diront certains. Alors qu’il n’existe pas, à ce jour, des études d’experts se penchant sur la question. Mais on s’improvise experts et on lance des chiffres, oubliant que l’on parle d’êtres humains, d’un groupe de personnes bien spécifique.

À ce sujet, je vous invite à prendre connaissance de la mise à jour des données sur l’immigration et le marché du travail faite par l’Institut du Québec la semaine dernière, qui met en contexte et clarifie quelques statistiques que l’on a entendues dans les derniers jours.

Encore aujourd’hui, si on me repose la question « quand est-ce qu’on arrête d’être un immigrant ? », je ne saurai quoi répondre. Quelque part dans le processus, à ma façon, je suis devenue Québécoise. Mais d’après mon souvenir, c’était après 1095 jours.


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