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Anonyme

Les initiations...


Oh non, pardon, les activités d’accueil. Parce que le mot initiation, on le sait bien, a été banni à la suite des événements de 2016. Les plus optimistes se diront que ce n’est pas juste un changement de nom, mais aussi un changement de mentalités. Que les activités d’accueil offrent un environnement sécuritaire dans lequel célébrer l’arrivée des premières années. Encourageant l’esprit d’équipe dans les sections, les activités d’accueil servent aussi l’objectif de permettre aux nouveaux étudiants de connaitre les camarades avec qui ils vivront toutes les joies et épreuves de la première année de droit à l’Université de Montréal, et ce, dans un environnement prétendument sécuritaire.


Comme on dit, toute médaille a un revers. Je parle ici des jeux de pouvoir qui s’établissent entre les premières années et les étudiants des années supérieures. Relations de pouvoir qui mènent parfois vers l’abus des personnes en position de faiblesse. Il serait absurde de croire que des étudiants qui se retrouvent dans une telle position de pouvoir n’en abusent pas. Loin de moi l’idée de dire qu’il est inévitable pour tous les boosters, assistants boosters, juges, nommez-les, de profiter de leur position. Cependant, il faut me rencontrer à mi-chemin et voir qu’il est ridicule de penser qu’aucun étudiant n’utilise sa position de pouvoir pour se ramener une fille, probablement ivre, à son appartement.


On me répondra que oui, c’est vrai, mais ça, ça n’arrive quasiment jamais, pas besoin de régler ça, ce n’est pas un véritable problème, on veut faire le party, on est là pour s’amuser, on ne va pas sanctionner le sexe quand même, etc. Ben oui, ça se peut que ça arrive une fois par année. Mais pense à la fille qui va retourner chez elle, embarrassée par ce qui s’est passé dans une soirée où le fort a enivré ses pensées, qui va ruminer pendant des semaines, se dire que c’était sa faute pis qui va juste vouloir se cacher dans son brouillard de honte. Est-ce que tu veux aller lui dire en pleine face que tu es bien triste de ne pas pouvoir coucher avec une première année lors de SES activités d’accueil ?


Crois-moi sur parole, ça arrive de se faire viser par un deuxième année, quand tu n’es pas capable de te tenir debout, qui insiste pour que tu rentres avec lui. Comme il dit, il a son appartement à lui tout seul, tu serais bien là-bas avec lui, tu ne crois pas ? Tu joues le jeu pour un petit bout, pis après tu réalises que ça ne te tente pas du tout, tu dis non, encore non, et encore non. Après le dixième ça finit par marcher, mais le gars n’est pas content de ne pas pouvoir te ramener alors il te verse tout le contenu de son verre sur la tête. L’alcool te brûle les yeux, t’es trempée jusqu’à tes sous-vêtements, tu te sens honteuse parce que tu t’es mis dans cette situation-là. T’avais juste à ne pas boire. On le sait bien, en chantant comme un culte « sans oui c’est non » à en perdre la voix, il y a un filet magique qui bloque les agressions sexuelles. Ironique, non, que ceux qui encouragent les premières à chanter la phrase mythique ne la respectent pas… Mesdames et messieurs, ce sont des situations qui arrivent dans les activités d’accueil et dans le Carnaval, il faut arrêter de fermer les yeux devant l’évidence. L’aveuglement volontaire n’est pas une défense valable.


J’ai été révoltée de voir qu’il y a des gens qui sont offusqués devant une possible politique empêchant les deuxièmes et troisièmes années en position de pouvoir d’avoir des relations sexuelles avec des premières années. Dommage de devoir garder ses pantalons pendant cinq jours le temps d’assurer la sécurité de celles et ceux pour qui sont organisées les activités.


Et la même chose vaut pour le Carnaval. Est-ce que je suis vraiment obligée de voir la trame événementielle de ma soirée par l’entremise d’une story Instagram ? À quel point c’est désagréable d’apparaître dans 14 stories différentes parce que chaque Repso est encouragé à poster le plus possible pour que les juges voient à quel point sa section a du fun. Ne commençons même pas avec le jeu des ballons, oui celui qui consiste à péter la balloune de quelqu’un en effectuant quelconque mouvement à connotation sexuelle. Combien de personnes au visage extrêmement mal à l’aise ai-je vu se faire ramasser par-derrière, tellement fort qu’ils en tombent par terre ? Trop.


On se rappellera qu’il a été proposé à la dernière Assemblée générale d’interdire aux deuxièmes et troisièmes années en position d’autorité d’avoir des relations sexuelles avec des étudiants de première année lors des activités d’accueil et du Carnaval. Une deuxième proposition fut apportée demandant à au moins un responsable d’être complètement sobre chaque soir pour assurer la sécurité des étudiants et étudiantes.


Ces initiatives sont nécessaires pour assurer la sécurité et le bon fonctionnement du Carnaval et des initiations. C’est le temps que ça change pour de vrai. Oui, je me permets d’utiliser le vieux terme, parce que force est de constater que les mentalités n’ont toujours pas changé, alors je ne vois aucune raison d’utiliser un nouveau mot à l’impact futile.


À noter que j’ai seulement parlé de la situation de l’homme en autorité et de la femme victime, par raison de simplification. Toute autre combinaison est évidemment possible.


Les opinions supportées par ce texte sont appuyées par le Comité Femmes et Droit.


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