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Marc-Antoine Gignac

L’Université de Montréal… et du Minimum : pot-pourri à saveur de dénonciation institutionnelle



« L’Université de Montréal… et du Monde », peut-on lire en se promenant sur le boulevard Édouard-Montpetit ou en chemin vers le pavillon Roger-Gaudry. Ce beau slogan, empreint de fierté, nous rappelle l’excellence de notre institution et sa renommée mondiale. Comme on peut le constater sur la page d’accueil de l’UdeM, nous serions la « troisième meilleure université » au Canada, et la 37e ou la 90e meilleure au monde, selon le classement [1].


Il va sans dire que c’est formidable. Je ne peux toutefois qu’être cynique et constater qu’un peu partout, l’UdeM se contente du minimum.


Écologie


Il s’agit d’un sujet sur lequel je reviens souvent ; on ne s’en lasse pas. L’UdeM a proclamé haut et fort qu’elle suspendait ses activités d’enseignements le vendredi 27 septembre entre 12 h et 16 h. Je salue l’initiative.


Il s’agit en effet du minimum pour soutenir la cause : la manifestation pour la planète se tenait en après-midi, alors pourquoi insister pour donner des cours? En plus de couper l’herbe sous le pied des fauteurs de troubles (nous, les étudiant.e.s), l’UdeM s’arrogeait une petite part de capital politique, si difficile à obtenir.


Or, l’Université de Montréal est une vaste institution, et la planète ne compte pas que pour les étudiant.es. Les cadres, les professeur.e.s et tout le personnel de soutien avaient, eux-aussi, un droit — et je dirais même un devoir — de manifester lors de cette journée importante. Ce ne leur fut pas permis, à moins que ces gens ne prennent du temps de leur banque personnelle de congé.


S’ajoute à cela l’hypocrisie générale de l’UdeM face à la crise environnementale. Je me souviens encore des pommes emballées lors du Petit déjeuner du Recteur en 2017 [2], de toutes les bouteilles en plastique vendues sur le campus, et de l’absence globale de mesures concrètes pour réduire l’empreinte écologique de l’institution. Rappelons enfin que l’UdeM continue d’investir dans les énergies fossiles, ce à quoi des regroupements étudiants continuent de s’opposer, sans que l’institution ne daigne répondre.


Démocratie


J’ai été personnellement choqué de constater que l’UdeM ne suspendait pas ses activités pour le 21 octobre prochain. Certes, comme le mentionnait le courriel informatif de l’institution, la loi électorale canadienne, au contraire de la loi québécoise, n’exige pas que les institutions d’enseignement supérieur ferment leurs portes. Toutefois, considérant le taux d’abstention de la jeunesse élection après élection, j’aurais espéré que l’UdeM facilite leur participation à la vie démocratique en suspendant ses activités. Une belle manière de dire : « pour nous, c’est important ».


Je sais, et je concède, le 21 octobre a lieu durant la semaine de relâche, ce qui limite les dégâts. L’explication de l’UdeM, néanmoins, tournait autour de la non-perturbation des activités, prévues depuis l’été. Dois-je rappeler que nous savions la date des élections depuis quatre ans ? Bref, suivre la loi, c’est le minimum.


Justice sociale


L’Université ouvrait cet automne son tout nouveau campus : le campus MIL. À la fine pointe de la technologie du bâtiment, fleuron de modernité, le campus MIL est venu s’écraser dans le quartier de Parc-Extension, un des quartiers les plus défavorisés au Canada.


Le Campus MIL est certes une bonne nouvelle pour le corps universitaire, mais il témoigne, à mon sens, d’une insouciance, sinon d’un mépris pour les enjeux sociaux. Certes, l’Université prévoit que 390 des 1300 logements étudiants (soit 30 %) seront à prix abordable. Je ne peux toutefois que m’inquiéter sur le sort du quartier et de ses résidents qui feront face à un embourgeoisement classique.


Sachant les impacts énormes qu’aura le campus MIL sur la population locale, on est en droit de se demander si, en premier lieu, l’UdeM avait réellement besoin d’un nouveau campus. C’est, comme qui dirait, un minimum.


Français


Changeons à présent de sujet et parlons de la place du français à l’UdeM. Notre université se targue d’être « la meilleure institution universitaire francophone en Amérique du Nord », mais, et c’est un secret de polichinelle, on semble bien souvent oublier qu’aux cycles supérieurs, ça se passe trop souvent en anglais.


L’UdeM favorise l’apprentissage en français, entre autres au travers des cours de francisation, mais semble bien peu sensible face à la difficulté qu’ont ses professeur.e.s à publier en français. D’ailleurs, je me suis essayé à un petit exercice de comparaison quant au niveau de français requis lors de l’embauche du personnel enseignant :


Concordia et McGill : « the language of instruction at Concordia is English, however, knowledge of French is an asset ». Personne ne s’en offusquera, ni ne s’en étonnera.


UQAM : « Maîtrise de la langue française, tant à l’oral qu’à l’écrit »


UdeM : « An adequate knowledge of the French language/Avoir une connaissance suffisante de la langue française » (nous soulignons).


Si l’UdeM n’est même pas capable d’exiger l’excellence de son corps professoral en ce qui concerne le français, elle se contente bel et bien du minimum.


Bref

L’UdeM n’est certes pas une dernière de classe. En tant qu’acteur dans cette vaste institution, je me permets d’être particulièrement critique. Si jamais l’UdeM venait à passer un examen, je suis certain qu’elle n’obtiendrait pas « E ». Elle se contenterait toutefois d’un « C- » …


[1] Université de Montréal, « En chiffre », en ligne : https://www.umontreal.ca/l-udem/en-chiffres/ (consulté le 17 septembre 2019).


[2] GIGNAC, Marc-Antoine, « L’Université de Montréal, écolo hypocrite », Le Pigeon dissident, 15 septembre 2017, en ligne : https://www.pigeondissident.com/single-post/2017/09/15/L%E2%80%99Universit%C3%A9-de-Montr%C3%A9al-%C3%A9colo-hypocrite



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