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Laurence Sicotte

Je fais l’avocate


Source photo : OLIVIER PONTBRIAND, archives LA PRESSE

Récemment, j’ai fait une découverte en étudiant la langue italienne. Je ne m’attendais pas à faire des constats philosophiques pendant ce cours, mais voilà! En tant que débutante, je devais apprendre les bases de la langue. Ainsi, comme tous les cours de ce type, j’ai appris à accorder des verbes au présent et j’ai mémorisé des mots pour m’exprimer de façon simple. Nous apprenions les salutations de base, la manière de se présenter aux autres, à compter, etc. À travers mes apprentissages, la professeure a rapidement orienté la discussion sur une présentation plus exhaustive de nous-même. Ainsi, nous devions déclarer notre occupation dans la vie. En français, le fait que je sois une étudiante est plutôt intrinsèque à ma personne. Par exemple, je dis : « je suis étudiante ». La même constatation s’applique à ma future profession, soit « je suis avocate ». Je décris une fois de plus mon occupation au verbe être. Alors voilà où je veux en venir avec la langue italienne. J’ai constaté qu’il était possible d’exprimer son occupation par l’utilisation du verbe faire (à noter qu’il est aussi possible d’utiliser le verbe être). Ainsi, ça ressemble à ceci : « Faccio l’avvocatessa » « Je fais l’avocate » « Fa il dotore » « Il fait le docteur » Ainsi, quand une personne se présente en italien, il est immédiatement possible de ressentir un certain détachement entre la personne et son travail. La personne n’« est » pas son travail. Elle se définit plutôt comme une personne qui « fait » son travail. Je crois que cette subtilité de la langue peut faire une grande différence par rapport à comment on perçoit le travail dans notre culture. Le stéréotype selon lequel les Italiens ont des valeurs avant tout axées sur la famille et les amis prend tout son sens ici. Évidemment, le travail est et sera toujours une grande partie de nos vies. Toutefois, il est possible d’utiliser une perspective différente lorsqu’on se projette sur le marché du travail. Il est important de se définir nous-même avant de pénétrer dans ce monde de l’emploi. Il faut se rappeler qu’il y a d’autres sphères à notre vie. Tu es un.e étudiant.e en droit, mais tu es peut-être aussi un frère, une athlète, un passionné de musique, une meilleure amie, un connaisseur de bières de microbrasserie, etc. Peu importe les intérêts et les passions que tu affectionnes, d’autres éléments s’ajoutent à la construction de nous-même. Il est faux de seulement se valoriser par le travail puisque que nous vivons la majorité des plus beaux moments de notre vie à l’extérieur de notre bureau. Malheureusement, plusieurs tombent dans le piège. Ces derniers n’existent plus en dehors de leur titre professionnel. Je lis souvent des articles qui portent sur le fait qu’il y a un climat anxiogène à la Faculté et que les stages ou les notes obtenus ne définissent pas la valeur d’un individu. Personnellement, j’irais encore plus loin en mettant de l’avant que notre métier ne nous définira pas non plus. Nous serons beaucoup plus que notre gagne-pain.

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