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Charles-Étienne Ostiguy et Grecia Esparza

Il faut qu’on parle de Droit Inc.




Peut-être ce petit texte à saveur éditoriale peut-il paraître saugrenu. Droit Inc. ne mérite pas tant d’attention, quand même. En soi, Droit Inc. est une plateforme permettant à ses lecteurs de demeurer au courant des derniers développements juridiques et est aussi une base de recherche d’emploi importante dans le domaine juridique. Droit Inc. produit des dizaines d’articles toutes les semaines, parfois sur des sujets pertinents, et parfois sur des étudiants qui manifestent (auto-promotion sans vergogne). Nous avons tous notre opinion sur cette publication, comme l’illustrent les innombrables memes qui portent sur Droit Inc. Or, en ces pages, vous avez pu lire dans les derniers mois une édition consacrée à la crise des médias, crise dont votre journal étudiant n’a pas été laissé en reste. Le nombre d’éditions papier du Pigeon est passé de 8 à 6 en cette année scolaire 2019-2020 alors que ses revenus publicitaires stagnent. La campagne pour faire augmenter les cotisations pour le journal étudiant en 2017-2018, intitulée Un p’tit 5 pour le Pigeon, fut battue en Assemblée générale. À l’heure actuelle, le Pigeon garde sa tête hors de l’eau. Malgré tous ces tumultes financiers, l’équipe du Pigeon Dissident et, surtout, ses collaborateurs, continuent de pondre des textes de qualité et maintiennent en vie une plateforme d’expression essentielle à la vie facultaire. Une de nos auteures, Dardia Joseph, a même gagné le prix René-Lévesque de journalisme octroyé par Le Devoir. C’est ici qu’arrive une situation malencontreuse impliquant votre publication favorite et Droit Inc. En effet, au cours de la dernière année, Droit Inc. a repris plusieurs articles du Pigeon Dissident. Il n’y a rien de mal à une telle pratique, plusieurs médias s’y adonnent. En revanche, Droit Inc. l’a parfois fait sans le consentement des auteur.e.s ou de l’équipe éditoriale du Pigeon. Imaginez passer des heures à faire de la recherche, compiler des données puis écrire un article pour votre plaisir… et voir un autre faire du profit avec votre travail. C’est malencontreusement arrivé cet automne avec le dossier sur la consommation de drogues de performance par les étudiants de la faculté. Dans un autre cas, une auteure ayant spécifiquement affirmé ne pas vouloir voir son texte repris par Droit Inc. a vu son texte repris sous forme d’article sur son article original. Ces « articles sur l’article original » sont encore plus problématiques lorsque le nouveau texte ne reprend pas l’intégralité du propos de l’auteur du texte original. Le dossier sur la consommation de drogues de performances en est un très bon exemple. L’article initial avait pour objectif de dédramatiser et démystifier cette pratique underground… mais l’article de Droit Inc. semblait faire fi des nuances amenées par les auteurs. Tous ces fâcheux enjeux le sont d’autant plus lorsqu’on réalise que le contenu produit par le Pigeon Dissident ne génère pas de revenus pour ses créateurs. Par contre, quand un article est republié sur Droit Inc., qui vend de l’espace publicitaire sur son site web, il génère un revenu en fonction des clics. Donc, nos auteur.e.s finissent par générer du profit pour une publication tierce sans même recevoir de juste rétribution pour leur labeur. Au contraire, la rémunération des journalistes et chroniqueurs du Pigeon serait sous forme « de notoriété ». Mais pour reprendre les paroles d’un artiste faisant carrière sur les scènes des bars « la notoriété ne me permet pas de payer mes factures à la fin du mois ». Notre équipe de direction a donc fortement recommandé aux auteur.e.s du Pigeon de demander une faible rémunération, même symbolique, lorsque Droit Inc. leur demandait de republier un article. À chaque fois qu’une telle rémunération était demandée, l’intérêt de Droit Inc. de republier les articles convoités devenait soudainement chose du passé. L’équipe de direction a aussi tenté de contacter Droit Inc. à de multiples reprises pour simplement discuter de la situation, sans réponse. Il faut se le rappeler, qu’un article soit repris ne cause aucun problème. Au contraire, un bon arrangement peut bénéficier à toutes les parties impliquées. Cependant, le contexte et la manière de faire peuvent rendre cette situation gagnante sur papier en une situation où une seule partie repart avec tous les avantages. Ainsi, l’équipe de direction a pris la décision d’écrire un texte sur la question puisque le texte paraissait comme notre dernier espoir pour arriver à contacter Droit Inc. Nous espérons aussi que ce texte, qui n’enlève rien au travail que fait l’équipe de Droit Inc., ouvrira les yeux aux journalistes de cette plateforme quant à la qualité du travail effectué par les auteur.e.s du Pigeon Dissident et quant aux difficultés rencontrées par notre journal.


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