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L'exécutif du Pigeon Dissident

Les coups de cœur du Pigeon : Nos recommandations de lecture



Pour cette édition spéciale sous le thème de la littérature, l’équipe du Pigeon vous fait part de ses suggestions de lecture. Il y a de tout, pour tous les goûts. Bonne lecture !



Rhapsodie québécoise d’Akos Verbocsy

Recommandation de Grecia Esparza

Définition : Rhapsodie. 2e Sens. MUS. « Œuvre instrumentale ou orchestrale de forme libre, composée de thèmes juxtaposés, d’inspiration populaire ou régionale »


Rhapsodie québécoise, essai autobiographique d’Akos Verbocsy, est le récit « des histoires éparses, ces morceaux divers mal liés entre eux, [qui] ont formé un ensemble plus ou moins harmonieux [et forgé] son identité ».


Lire le récit du parcours en tant qu’immigrant d’Akos Verbocsy signifie se plonger dans une partie de l’histoire du Québec, de la question de l’indépendance à la place du français en Amérique du Nord. Son écriture est empreinte d’humour, d’une touche d’ironie et d’un grand nombre d’observations pertinentes de la société québécoise. Lui, originaire de Hongrie, arrivé à l’âge de 11 ans. Moi, originaire du Mexique, arrivée à l’âge de 13 ans. Jamais je ne me suis autant retrouvée dans un livre. Lire chacune des pages et les vivre comme s’il s’agissait de ma propre vie. Lui et moi, tant des choses en commun. Pourtant, plus de 20 ans séparent nos arrivées respectives au Québec.


Rhapsodie québécoise est ma suggestion de lecture pour vous. Lecture pour tous ceux qui côtoient de près ou de loin un immigrant afin de mieux comprendre notre réalité. Un livre nécessaire. Parce qu’à l’instar d’Akos Verbocsy, je suis convaincue que « les immigrants ont en commun le désir de se sentir chez eux dans leur nouveau pays. »




L’attrape-coeurs de J.D. Salinger

Recommandation de Dardia Joseph


Ce livre ainsi que L’élégance du hérisson de Barbery; Le grand Cahier d’Agota Kristof et L’Avalée des avalés de Ducharme (dans cette ordre) fait partie de ces quelques romans qui m’empêche d’entretenir une aversion absolue pour les narrateurs enfants. (Appréciez aussi la subtilité évidente avec laquelle l’éternelle indécise que je suis a pu vous suggérer quatre livres plutôt qu’un #sorrynotsorry.)


Dans le roman de J.D Salinger, Holden Caulfield, 16 ans, vient de se faire expulser pour la 4ème fois de son établissement scolaire. La cause ? Il coule trop de matière. Quatre sur cinq pour être précise. La prémisse est simple, mais à mesure que les pages défilent on découvre un être complexe, sensible et cynique. Un jeune qui se tient loin de l’unidimensionnalité à laquelle la société et le système d’édu-carcan tente de nous réduire.


Bref, une lecture qui se fait d’une traite, en écoutant à tue-tête « The Wall » de Pink Floyd. Question de découvrir un personnage qui refuse de jouer un jeu dont il ne comprend pas les règles. Question d’entretenir le temps d’un roman notre syndrome de Peter Pan collectif.


Un livre pour tous ceux et celles qui, un jour, ont eu envie de murmurer à ceux qui sont si pressés de se départir de leur âme d’enfant et de leur singularité : « Danke, Danke » (« doucement, doucement »). « vous courez vers la mort ou quoi ? »




Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez

Recommandation de Charles-Étienne Ostiguy

Je suis normalement un lecteur régulier d’essais, tentant d’en apprendre plus sur le monde par l’entremise de thèses rigoureuses et nuancées. Rarement me laissai-je porter par une histoire romanesque aux soubresauts fantaisistes. Pourtant, en lisant Cent ans de solitude, je me suis retrouvé à frénétiquement tourner les pages pour observer l’évolution surréelle de la famille Buendia. Chaque péripétie, chaque revirement de situation est plus imprévisible que le dernier.


Garcia Marquez parvient à créer un véritable univers à la limite du réel, là où le magique devient plausible. Ce n’est pas pour rien qu’on décrit ce roman comme l’égérie du réalisme magique. Mais bien plus encore, ce roman aux allures complexes est en fait d’une accessibilité époustouflante, si ce n’est que la liste interminable de personnages rencontrés au fil de l’histoire sur diverses générations.


L’auteur se permet même de glisser quelques commentaires acerbes sur la société dans laquelle il évoluait réellement. L’arrivée d’une compagnie bananière dans le village de Macondo lui permet de critiquer l’impérialisme américain, l’usage de la violence par les figures d’autorité… et même le travail d’avocat.e.s!


Mon unique bémol quant à la lecture de ce fabuleux récit repose sur l’édition francophone la plus vendue à l’heure actuelle, soit celle de Points. Sur la quatrième de couverture, on retrouve littéralement la conclusion du livre. Pour l’effet de surprise, on y repassera.




La femme qui fuit d’Anaïs Barbeau-Lavalette Recommandation de Camille Savard


« Il fallait que tu meures pour que je commence à m’intéresser à toi. Pour que de fantôme, tu deviennes femme. Je ne t’aime pas encore. Mais attends-moi. J’arrive. » Cet extrait décrit parfaitement l’expérience qu’a vécue Anaïs Barbeau Lavalette en écrivant ce livre. Elle tente de comprendre qui était sa grand-mère maternelle, Suzanne Meloche, femme qu’elle n’a rencontré qu’une fois. Une femme qui paradoxalement a toujours été très présente dans sa vie, de par sa lourde absence. Ce roman est un bijou, merveilleusement bien écrit et d’une grande richesse culturelle. Le livre est écrit au « tu », nous permettant d’incarner totalement Suzanne Meloche. Cette femme m’a émue et inspirée et m’a déchiré le cœur de par ses choix. Paul-Émile Borduas, Jean-Paul Rioppelle, Claude Gauvreau, Marcel Barbeau, du Refus global, jusqu’à la lutte de 1961 en Alabama contre la ségrégation des noirs, Suzanne Meloche était finalement partout.








La foi du braconnier de Marc Séguin

Recommandation de David Houle


Pourquoi ? Car c’est une histoire crue, révoltante et rudement sensible. Avec La foi du braconnier, Marc Séguin se positionne non seulement comme l’un des peintres québécois les plus talentueux de notre époque, mais aussi comme un auteur incontournable de notre paysage littéraire.


Dans son œuvre, Séguin nous plonge dans l’univers Marc S. Morris, un homme aux origines mohawks profondément désillusionné par l’existence humaine. Naviguant entre la vie et la vie urbaine, la vie honnête et la vie de brigand ainsi qu’entre la vie et la mort, le narrateur nous fait voyager dans une Amérique qui le déçoit, au travers de ses souvenirs des dix dernières années de sa vie.


Aidé de sa plume colorée et remplie d’humour (plus souvent qu’autrement assez noire), Marc Séguin s’amuse à peindre la réalité dans toute sa grossièreté. Car au final, cette vie que nous aspirons à parfaire au quotidien ne tient pas à grand-chose, et ça fait du bien de se le faire rappeler une fois de temps en temps.









La Bête intégrale de David Goudreault (Trilogie comprenant : La Bête à sa mère, La Bête et sa cage et Abattre la bête)

Recommandation de Camille Rochon

La réputation et le grand talent de David Goudreault de jouer avec les mots ne sont plus à faire, mais j’ai choisi ce livre, car il m’a profondément troublée et émue.


C’est l’histoire d’un jeune homme malmené par la vie et le système aux prises avec de graves troubles de santé mentale. De la maltraitance dont il a été victime durant l’enfance jusqu’aux crimes les plus sordides qu’il finit par commettre en passant par son passage en prison et à l’Institut Pinel, cette trilogie entraîne le lecteur dans une véritable cavale. Cavale effrénée d’un jeune homme obsédé par l’idée de retrouver sa mère, dans un Québec dont la protection de la jeunesse, le système carcéral et le traitement de la santé mentale présente des failles, même des fissures, contribuant à plonger le protagoniste dans la spirale de ce qu’on devine être une psychopathie grandissante.


Cette œuvre est profondément troublante, car Goudreault fait de son protagoniste le narrateur, et son écriture est crue, brute. Sa voix est dure, cruelle, mais criante d’authenticité et de naïveté : c’en est si réaliste que c’en est émouvant. Déconcertant aussi, car on a parfois l’impression d’être dans la tête du protagoniste, qui dit tout ce qui lui traverse l’esprit, toutes ses idées et ses fantasmes les plus fous et sordides, émet des propos racistes, sexistes, homophobes – et ça nous rend particulièrement inconfortable. C’en est presque difficile à lire, mais sans trop savoir pourquoi, presque perversement, on s’accroche au récit, à son curieux héros passionné de romans qui se cache à la Grande Bibliothèque de Montréal, et on ne peut cesser de tourner les pages. On se surprend presque à sympathiser avec cet écorché vif profondément malade.


Tout le talent de David Goudreault déployé dans une trilogie importante. Ne serait-ce que pour l’agile gymnastique des mots de l’auteur, c’est une œuvre à lire.




L’ignoble petit Faragui de Jean Colin

Recommandation d’Ariane Boyer


Pourquoi ? D’abord, parce qu’il n’y a pas de page Wikipédia pour te résumer ce roman (tu dois donc l’acheter pour le lire HA!). Ensuite, parce qu’il fut offert à mon père à ses 30 ans, soit en 1992, qui à son tour me l’offrit en 2013. J’y ai un attachement sentimental. Trois générations ont lu ce roman et toutes trois ont eu un malin plaisir à y découvrir le personnage principal : un jeune garçon qui est obsédé par le désir de tuer des vieilles dames de toutes les manières imaginables. Nul besoin de vous dire que ce désir devient réalité…


L’auteur est un professeur d’université, un poète et un chroniqueur littéraire. Cela en soi en prometteur. Ce roman est son premier, mais non le moindre. Peu importe l’âge qu’on a quand on le lit, on peut apprécier ce livre plein de jeunesse, profondeur et compréhension. Comme nous l’indique la quatrième de couverture : « L’ignoble petit Faragui nous plonge dans les profondeurs les plus noires de l’âme enfantine ». À votre tour maintenant de vous reconnaître dans le petit Faragui.










The Tracey Fragments de Maureen Medved

Recommandation de Béatrice Eng

The Tracey Fragments, œuvre canadienne-anglaise, permet de lire les dires et pensées, belles mais macabres, d’une protagoniste féminine fragile. La poésie en staccato, souvent décousue, peint des images à la fois crues et émouvantes. On ne sait pas quoi croire ou ressentir et c’est ce qui en vaut la lecture.


Le petit frère de Tracey, adolescente à Toronto, est porté disparu et elle est éperdument en amour avec un garçon, ou enfin, en amour avec une version du garçon qu’elle invente de toute pièce.


Le livre de Maureen Medved de 1998 suit l’histoire tragique d’une protagoniste, seule, en quête d’acceptation, qui ne semble pas avoir toute sa tête, mais pour qui on développe une certaine empathie, malgré l’anxiété dans laquelle elle nous plonge tout au long du récit.


J’ai lu le livre après avoir regardé le film que j’ai également adoré. Celui-ci m’a permis de découvrir le travail du réalisateur Bruce McDonald en plus d’une excellente bande sonore remplis de chansons créés par des artistes du reste du Canada.





Lettre à mes petits-enfants de David Suzuki

Recommandation d’Anne-Frédérique B. Perron


Sorti il y a cinq ans, cet ouvrage me semble d’autant plus pertinent aujourd’hui. Dans cet essai aux allures testimoniales, David Suzuki nous partage des lettres qu’il a écrites pour chacun de ces six petits-enfants. Il y aborde plusieurs thèmes, dont immanquablement l’environnement, en livrant à ses descendants son histoire, ce qu’il souhaite leur transmettre ainsi que ses aspirations pour eux. Il ne s’agit pas d’un livre qu’on lit pour la plume de l’auteur. En bon vulgarisateur comme on le connaît, Suzuki nous offre une écriture assez standard, limpide, sans quelconques fioritures. Cette œuvre mérite plutôt d’être lue pour avoir un accès privilégié à la sagesse et aux réflexions, parfois très personnelles, de ce grand homme.


Ce livre en est un que je classe parmi mes lectures réconfortantes. Touchant, il nous ramène à l’essentiel, à réfléchir sur nos relations avec nos proches et à ce qu’on veut léguer. Dans le présent contexte de crise climatique, j’estime que cette lecture peut apporter énormément de bien. L’exercice auquel se livre cet environnementaliste, qui avoue lui-même avoir peu d’espoir pour le futur, nous aide, malgré tout, à concevoir l’idée d’un possible avenir, aussi mince soit-elle. L’œuvre nous aide également à concilier le fait d’avoir une progéniture face à ces désastres annoncés.


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