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Jad Elmahboubi

La mort de l'Occident



Trahi par ses enfants à qui il a pourtant tout laissé, l’Occident vit son crépuscule, à des années-lumière de l’époque au cours de laquelle seul le Royaume-Uni pouvait se prévaloir d’être « l’empire sur lequel le soleil ne se couche jamais ». L’Occidental veut se targuer d’un autre titre, celui d’être citoyen de la civilisation sur laquelle le soleil ne se lèvera plus. La Nature a horreur du vide, et de la faiblesse. Par le passé, même les sociétés les plus primitives ont combattu pour assurer leur continuité. Aujourd’hui, la civilisation la plus évoluée de l’Histoire observe son suicide en souriant.


Du haut de son berceau, on inculque à l’Occidental moyen qu’il est responsable de la famine en Afrique, de l’exploitation des travailleurs chinois et sud-américains, de tous les maux depuis que le monde est monde. On lui apprend à détester ses ancêtres, ces êtres préhistoriques et intolérants, sans qui il ne serait pourtant pas là. Sa glorieuse histoire? Le produit fortuit des ressources dont il disposait, lisez Jared Diamond pour vous en convaincre!


L’Occidental craint davantage le jugement des autres que la chute prochaine de sa civilisation au bord du gouffre. Il faut dire pour sa défense qu’il est confronté à une campagne de propagande inouïe. On lui enseigne depuis qu’il sait marcher que le patriotisme est la cause de toutes les guerres et qu’il n’a pas de raison d’être fier de l’accomplissement de ses aïeux (mais qu’il est malgré tout l’héritier de toutes leurs erreurs). C’est tout juste si on ne lui dit pas de ne pas être fier de ses parents. Les progressistes y travaillent, ça viendra bien assez tôt. Les méfaits des autres peuples sont relativisés, quand ils ne sont pas justifiés. Que les Turcs aient été d’une barbarie indicible en Bulgarie et dans le reste des Balkans? Mais ce n’est qu’un point de détail de l’Histoire! Quand on ne s’appelle pas Jean-Marie Le Pen, on a le droit d’user de cette expression. (1)


Beaucoup pensent être le fruit du hasard, des gagnants de ce que John Rawls appelait la « loterie naturelle ». Ils ne sauraient se tromper plus lourdement. Ils sont le produit de millénaires de luttes pour la survie. Leurs devanciers se sont battus pour exister depuis des temps antédiluviens; ils se voyaient comme des héritiers. Ceux qui me connaissent savent que je ne peux prêter foi au hasard, la divinité des athées. Il n’existe que pour ceux qui nient le destin et l’accomplissement. Tout ce que nous possédons, tout ce que nous sommes jusqu’à notre physionomie même est le résultat d’illustres victoires. Les peuples ravagés par l’humanisme et le sentimentalisme seront toujours vaincus par ceux qui sont tribalistes avant toute autre considération, car ces valeurs sont inadaptées à la survie. La raison est infiniment inférieure aux bas instincts de l’être humain dans la lutte pour celle-ci. Si le doute pouvait subsister antérieurement, l’époque moderne règle cette question de manière irrévocable.


L’intellectualisme détruit les peuples. Pire qu’une inanité, il est nuisible. Le rationalisme est une immense escroquerie, nul besoin de rationaliser nos impressions ou nos instincts. Nos saines inclinations et préjugés inexplicables n’ont besoin pour seules justifications que de l’évolution de l’espèce et des éléments communs à tous les peuples depuis la nuit des temps. La preuve en est faite : à peine quelques décennies de sentimentalisme ont détruit la plus grande civilisation de l’Histoire pour en faire la plus pitoyable qui ait jamais existé sur la surface de la Terre. L’héritage des Lumières qui nous ont plongés dans l’obscurité (croyant nous délivrer de l’obscurantisme!) doit être enterré et ne plus ressortir des confins de la Terre.


« Ouvert » n’est souvent que l’épithète que l’on revêt pour ne pas admettre que le courage nous manque pour défendre notre culture. La passivité est toujours plus aisée que l’action, la collaboration que la résistance. Tous les peuples qui furent trop tolérants au cours de l’Histoire ne sont plus là pour témoigner de leur erreur. Il ne faut jamais confondre la tolérance par grandeur d’âme et celle par lâcheté. Lorsqu’on accepte tout et n’importe quoi, on est souvent dans le deuxième cas de figure.


L’Occidental est un hédoniste. Ses bonheurs éphémères sont ses malheurs de demain, mais ils lui suffisent. Il n’a plus la foi. C’est un matérialiste à la Louis XV : après lui, le déluge (d’où la société de consommation, la dégradation de l’environnement, les dettes faramineuses que les parents laissent à leurs épigones) (2). Il a apostasié du christianisme pour se convertir à la religion des droits de l’Homme, la seule qui trouve grâce à ses yeux qu’il croit décillés. Ses maitres à penser, les globalistes, vouent aux gémonies et menacent de jeter au bucher ceux qu’ils accusent de souffler sur les braises. Leur livre sacré est la Déclaration universelle des droits de l’homme, mais il n’offre aucun salut. Tout juste indique-t-il à ses adeptes le moyen de diminuer leurs fautes, sans espoir de s’en acquitter complètement. Cette Déclaration suppose, entre autres ignominies, le concept d’interchangeabilité entre les peuples. Qu’importe la diversité humaine! Que des gens soient les autochtones d’un territoire depuis des dizaines de milliers d’années et qu’ils soient poussés à raser les murs? C’est l’évolution. Ils ont d’ailleurs bien raison, les civilisations anomiques s’éteignent.


Mais l’Occident est seul avec son modèle. Il meurt dans l’indifférence générale et n’émet même plus suffisamment de lumière pour être ne serait-ce que l’ombre de ce qu’il était. Les autres civilisations ne se pressent pas pour porter un flambeau qui les brulera, et qui peut les blâmer? Elles sont conscientes qu’aucune nation ne saurait se fonder sur la base de valeurs divergentes, que le nationalisme civique doit être l’exception et jamais la règle. Elles savent que c’est le peuple qui fait la Nation, et non pas la Nation qui fait le peuple. Les « valeurs » soixante-huitardes détruisent la famille, la Nation, le peuple, bref, tout ce qui fait une société.


L’Occidental joue à la roulette russe avec sa civilisation et la frénésie le gagne. Mais la passion du jeu n’est que le masque de l’obsession du « je ». Seule l’arrogance ou la folie peuvent pousser à croire que des cultures soucieuses de la Tradition l’abandonneront pour un modèle anomique et en déliquescence. Pire encore, certains se réjouissent de la décadence de leur monde. Les malheureux tendent le bâton pour se faire battre. L’Occidental critique rarement les élites globalistes qui le dirigent, soucieux qu’il est d’être adoubé par ces dernières. Il oublie qu’avant d’être fait chevalier, il devra ployer le genou et prêter allégeance.


Ce texte ne l’ébranlera pas, n’engendrera même pas un sursaut de réaction. La perspective que sa civilisation ne soit plus là dans une centaine d’années ne l’effare pas. Nous sommes encore une fois dans le pur matérialisme, concept délirant et suicidaire. Il célèbre la Marche de l’Histoire, oubliant que celle-ci l’écrasera sur son passage, puis l’effacera. Le concept de préservation lui est devenu étranger, de même que celui de combativité. Il ne se soucie plus de ce qu’il est apte à faire à l’échelle individuelle. Il place sa confiance dans l’État paternaliste, à défaut d’avoir eu un père qui lui aurait inculqué qu’il ne peut compter que sur lui-même et sa famille. Pour sauver sa civilisation, il doit renoncer au O de l’œcuménisme. Cesser de rougir, pour commencer à rugir. Mais en est-il capable? Seul le temps nous le dira. Qui lancera l’Appel du 18 juin? (3) Pour l’instant, le poste est vacant. L’Occidental pourrait s’en emparer, mais à quoi bon? Il veut apprécier tranquillement le coucher du soleil, et tant pis s’il n’y aura plus d’aurore.


(1) Je ne cautionne toutefois pas ses propos.

(2) Que le Bien-Aimé ait ou non prononcé ces mots n’a aucune importance : c’est la logique qui prévalut durant son règne.

(3) Je parle bien sûr de résistance idéologique.

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