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Patricia Yao

Okay ladies, now let's get in formation



Lorsque l’on pense au terme « militaire », l’image qui nous vient en tête est celle d’un homme robuste armé de la tête aux pieds et prêt à aller au combat tel un vrai patriote. Ceci étant dit, au pays de Justin Trudeau, la gent féminine est présente au nombre de 10 000 fantassins dans toutes les branches, c’est-à-dire dans l’Armée canadienne, dans l’Aviation royale du Canada et dans la Marine royale. Elles représentent d’ailleurs 12 % de l’effectif des Forces (1).


En avril 2015, la juge à la retraite Marie Deschamps a produit un rapport déplorant le climat « hostile aux femmes » qui règne au sein des Forces armées canadiennes. Cette culture a de surcroît renforcé les actes de harcèlement sexuel et d’agressions sexuelles (2). Deux années se sont écoulées depuis ce rapport. Je me suis penchée sur cette situation en rencontrant Charlotte (3), une jeune femme qui vient d’entamer son parcours militaire.


Pourquoi as-tu décidé d’entrer dans les Forces armées canadiennes (ci-après : les « FAC »)?

Faire partie des FAC a toujours été un rêve pour moi. J’ai toujours voulu avoir un métier qui me ferait dépasser mes limites personnelles et qui me ferait voir du pays. Les FAC nous permettent de faire exactement cela tout en nous faisant connaître de nouvelles cultures, de nouvelles communautés et tout ça en travaillant. Par le fait même, étant quelqu’un de très actif, j’ai la possibilité de garder ma forme physique à un haut niveau. Étant militaire, me garder physiquement en bonne santé est une partie très importante de mon emploi. Les FAC m’ont permis de relever de nouveaux défis, de sortir de ma zone de confort et surtout, m’ont donné une deuxième famille. Je me suis enrôlée en tant que technicienne médicale, car aider les autres a toujours été une valeur très importante pour moi. Ce métier me permet de combler cette valeur tout en me disant que les personnes que j’aide sont mes frères d’armes, ceux qui donnent leur vie pour protéger notre pays.


Peux-tu nous décrire la culture qui règne dans les FAC à l’égard des femmes?

Cette question est difficile à répondre, puisqu’elle varie énormément d’un métier à l’autre. En ce qui concerne les femmes qui tentent de faire un métier de combat, surtout au sein des fantassins, la gent féminine n’est pas encore très acceptée. Non pas que ce soit un problème au niveau du sexisme, mais plutôt car le métier de fantassin est un métier extrêmement difficile, que ce soit au niveau physique ou psychologique. Il n’y a qu’une très petite, voir minime, proportion des femmes qui s’enrôle dans ce métier, et cette proportion est encore plus minime au niveau des femmes qui réussissent à passer au travers du programme de perfectionnement numéro 1 (le cours de base afin d’être qualifié de fantassin). Même si certaines femmes réussissent ce cours, une fois à leur unité, le stigma reste très présent. Les hommes ont encore une certaine réticence envers la présence des femmes dans un métier de combat. Les vieilles coutumes sont plus difficiles à effacer dans ce corps de métier si traditionnellement réservé aux hommes. Cette réalité est toutefois bien différente au sein des métiers de soutien. Les femmes y sont alors totalement acceptées, traitées au même titre que n’importe quel militaire masculin. Pour ma part, en tant que femme technicienne médicale, je n’ai jamais ressenti de pression face à mon sexe. Je dois préciser que mon métier est l’un des plus mixtes au sein des FAC.


As-tu déjà été témoin et/ou entendu parler d’agressions qui auraient eu lieu? Le cas échéant, des mesures ont-elles été prises par la suite?

Personnellement non. Je n’ai été témoin d’aucune agression ni même entendu parler d’un tel épisode, et ça fait maintenant un an que je ne suis militaire. Les FAC ont énormément changé leur mentalité depuis les dernières années, surtout avec l’établissement de l’Opération Honneur. Il est assez rare de nos jours que l’on entende parler d’agressions sexuelles envers les femmes. Bien sûr, comme dans n’importe quel milieu, que ce soit civil ou militaire, des agressions ont été notées dans le passé, mais elles sont de moins en moins fréquentes.


À quoi correspond l’Opération Honneur?

L’Opération Honneur consiste à cultiver le respect entre tous malgré nos différences, que ce soit par rapport à notre sexe, notre nationalité, notre religion, notre orientation sexuelle et j’en passe. Elle encourage tous les membres des FAC à dénoncer un comportement jugé inapproprié (agressions sexuelles, exploitation sexuelle, contacts sexuels, langage et blague inacceptables, remarques offensantes à caractère sexuel, actions perpétuant les stéréotypes et les modes de pensée qui déprécient des militaires en raison du sexe, de la sexualité ou orientation sexuelle, etc.). Tout comportement de ce genre est considéré inacceptable et sera jugé en cour martiale, avec comme sentence possible l’incarcération dans la prison militaire située à Edmonton. Depuis le 1er janvier 2017, tous les membres des FAC ayant adopté un comportement répréhensible de ce genre se verront renvoyés, après un séjour possible en prison militaire et/ou une amende très élevée.


Depuis l’émission du rapport Deschamps qui dénonçait une culture « hostile aux femmes » et « propice » au harcèlement sexuel dans les Forces, et outre l’Opération Honneur, est-ce qu’il y a d’autres mesures qui ont été prises?

La nouvelle loi qui a été mise en place le 1er janvier dernier est la dernière mesure qui a été instaurée depuis l’Opération Honneur. Cette loi dicte que tout militaire, homme ou femme, ayant été reconnu coupable d’un quelconque geste déplacé à caractère sexuel se verra donner une très forte recommandation de quitter les FAC.


Si tu avais un conseil à donner à une personne qui désire entrer dans les FAC, lequel serait-il?

Mon conseil serait de tout simplement jouer le jeu. Les instructeurs te crient dessus continuellement, mais c’est vraiment dans le but de tester tes limites. Ils veulent que tu doutes de toi-même surtout lorsque tu commences ton QMB, soient les cours de Qualification militaire de base. Ce sont des gens qui ne te lâchent pas, mais à la fin de la journée, ces mêmes instructeurs désagréables rentrent chez eux et ils sont des gentils papas et mamans. Ils ne sont pas méchants en réalité, et évidemment, si tu perds le contrôle de toi-même, tu finis par flancher. Quoi qu’il en soit, les Forces demeurent un environnement unique, et j’ai désormais la chance d’avoir une carrière extrêmement stimulante et valorisante.


  1. http://www.forces.ca/fr/page/lesfemmes-92

  2. http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/718551/plan-action-agressions-sexuelles-armee-canadienne

  3. Nom fictif.


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