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Émilie Paquin

Une bonne bière froide



Suite à la « controverse » de l’année dernière suivant la parution de l’article La bière est amère écrit par l’équipe du Pigeon Dissident, nous revoilà, sirotant une bonne Tremblay qui a trempé dans un cooler glacé sous un soleil du mois d’août étonnement ardent.


Oui, « controverse », entre guillemets. Il n’y avait rien de controversant dans la dénonciation d’une culture moyenâgeuse, ou « des filles en chest », ni même dans des jeux d’alcool qui mêlaient le houblon au ping-pong. Parce que, avouons-le, l’article en lui-même était tout ce qui a de plus tendance dans le contexte de jadis. L’article dans La Presse, cependant, est toute autre chose. On en reparlera.


Toujours est-il que les initiations (oups, les « activités d’accueil »), sont revenues. En force. Avec un comité organisateur conscient de leur rôle intégrateur auprès des premières années, des témoins actifs à l’affût de jeunes demoiselles (et jeunes damoiseaux !) en détresse, et surtout une association étudiante, Ô combien stressée, mais qui a assuré sur tous les plans. Finis les amusements n’incluant que de la bière et le peer-pressure à se dénuder le moindrement : les activités se composaient de pichets de soda, de quiz, de sport et… de bière, bien évidemment. Ce sont les initiations après tout. Avec 300 étudiant(e)s qui ont atteint en très grande partie leur majorité, il semble évident qu’ils puissent se permettre de prendre quelques bières sans qu’un journaliste de J.E. ne vienne mettre son nez dans leur pinte.


Mais que serait le Pigeon s’il n’avait pas de critiques à formuler à l’égard des initiations ? Une tradition vielle de 43 ans ne se retrouvera pas au hangar de sitôt. Ainsi, voici les plaintes entendues et formulées par le Pigeon, qui s’élèvent au nombre de deux.


1 ) La file d’attente était longue le mercredi pour obtenir des consommations.


2 ) Il a pris un temps atrocement fou avant que les photos du mercredi s’affichent sur la page Facebook de l’AED.


Et c’est tout. C’est tout ce que le Pigeon aura à offrir comme critique des initiations. Chapeau à l’AED, aux témoins actifs, aux juges, aux premières années, aux boosters, à toutes les personnes qui se sont impliquées durant la semaine d’intégration. Une belle semaine ensoleillée où une culture du viol se qualifiait d’inexistante, où un « Sans oui, c’est non » fut clamé haut et fort et pendant laquelle les première-années se forgeaient des amitiés qui dureront trois ans (voire même toute la vie !).


Toutefois, ma déception en regard des initiations ne se trouve pas dans la longue file d’attente pour une bière le mercredi ou pour get du fame en partageant une photo du 45 Degrés Nord sur les réseaux sociaux.


Ma douce amertume prend vie dans cette simple phrase que j’ai entendue à maintes reprises : « Les initiations, c’est pu comme avant ». Non, en effet, ce n’est plus comme avant. Et heureusement. Tout le monde ne doit plus chug des bières pour avoir du fun, ou encore se mettre en sous-vêtements pour se faire des ami(e)s. Quelle tristesse que d’entendre cette phrase sortir de la bouche de mes confrères de deuxième et troisième année.


Puis, c’est à ce moment que j’ai constaté que le Pigeon avait réalisé sa mission de l’automne dernier, un « changement de culture » : ces mots, sur toutes les lèvres, dictant les activités d’accueil lors desquelles aucune entité n’a commis de faux-pas. À ceux qui soutiennent avoir moins de plaisir parce que les initiations sont désormais inclusives au maximum, je vous dis simplement d’aller aux Foufounes électriques un jeudi soir où vous y verrez bien certainement ce dont les journées d’intégration manquaient selon votre opinion.


Par « changement de culture », on évoque plus que le sentiment de faire partie du gang de facto sans nécessairement boire de bière. On souhaite que la conception américaine des initiations se transforme graduellement en culture de respect, d’université en université, de programme en programme. Si la Fac de droit a réussi, ça me rend pas mal certaine que les autres établissements scolaires en soient capables.


Bref, ce changement de culture, espérons qu’il soit bien gravé dans le mandat des futur(e)s VP à la vie étudiante. Sur ce point, j’aimerais applaudir le VP actuel, M. Samuel Gray (peut-être m’entend-t-il de la porte voisine), pour cette belle réussite de changement de culture. Bravo également pour son innovation avec les témoins actifs, et les petits détails qu’il a dû changer au dernier instant pour respecter la formation reçue par le BIMH, c'est-à-dire le Bureau d’intervention en matière de harcèlement. Tu mérites deux morceaux de robot, Sam.


Redoutées ou adulées, les initiations sont à la Faculté de droit ce qu’est le karaoké à la Maisonnée : indispensables pour faire des souvenirs indélébiles et recharger le plaisir-o-mètre avant que la session commence pour de bon.


* * *

De retour à mon pupitre situé au 3200 Jean-Brillant, j’ai croisé certains regards illuminés d’étudiant(e)s de première année. Mission accomplie.


Ces regards, prochainement ternis par les cernes, fruit de nuits blanches d’étude, me rappellent que la réalité s’accroche à nous. Furtivement, passivement, elle impose quelques lectures obligatoires, des avis juridiques à rédiger, par-ci, par-là. Oui, c’est bien la rentrée. Au lavage, le chandail aux couleurs de section et bonjour les surligneurs pour attaquer les recueils de jurisprudence !

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