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Mollie Poissant

La chronique musicale (#1)


Hochelaga, Nicolet • Productions Chivi Chivi Date de sortie ; 25 août 2017 Le multi-instrumentiste et producteur québécois Étienne Hamel nous transporte ici dans un monde onirique où se mêlent solitude et nostalgie de l’être aimé. Quatre ans ont passé depuis son dernier album intitulé Le Quatrième. Hochelaga en sort davantage fini et léché que son album précédent - issu d’une production maison. Fort de synthétiseurs avec un son sans rappeler quelques pièces du groupe anglais The Smiths, Nicolet et l’auditeur(trice) font un doux voyage au sein du quartier Hochelaga Maisonneuve - le thème premier de l’album. Se mélangent un son oldie, mais aussi actuel où se côtoient claviers midi et cuivres. Certes, pari risqué considérant les sons de claviers souvent surutilisés à toutes les sauces musicales, l’exécution est plus que réussie avec Hochelaga. La voix suave et posée de Hamel est tantôt planante (un genre de Dieu), tantôt avec des élans pseudo-rock (Moreau) qui viennent redonner une vague nouvelle à chacune des pièces tout en demeurant fidèles à l’énergie de départ de l’album. L’ambiance triste feel-good 80’s movie amène une dynamique intéressante qui est peu commune dans les nouvelles sorties d’albums québécois des derniers mois. Hamel se démarque définitivement de ses comparses en proposant un son neuf, vif et recherché. D’ailleurs, le souci du détail des arrangements (La Fontaine) et le développement minutieux de l’album sont audibles, et ce, même pour un(e) néophyte musical. Règle générale, Hochelaga s’écoute bien et fait dodeliner de la tête pendant 43 minutes qui s’écoulent paisiblement.


Ctrl, SZA • Production Top Dawg Entertainment & RCA Records Date de sortie ; 9 juin 2017 Découverte rafraîchissante et innovatrice de celle qu’on appelle SZA (n.b. à prononcer “Sizza”). Celle qu’on avait entendue discrètement en duo sur la première pièce de l’album Anti de Rihanna lance enfin un album solo. Avec un flow hors du commun qui lui a valu l’acclamation du public, SZA vient nous convaincre davantage de son influence sur la scène R&B avec son album Ctrl. Souvent comparée à d’autres artistes néo-soul à la réputation notoire telles Erykah Badu ou Lauryn Hill (The Fugees), elle réussit le pari de réinventer une part du R&B avec des beats audacieux. Fort est de constater son esthétique léchée et texturée tout au long des pistes de son album qui transite aussi vers une expérience visuelle à l’écran dans certains vidéoclips (Love Galore) disponibles en ligne. Le style musical de SZA vogue entre le rap accrocheur de Wu-Tang Clan et la soul sensuelle de D’Angelo. La voix douce et rauque de SZA est puissante et toujours - pardonnez l’anglicisme - on point. Cet hétéroclisme musical vient par ailleurs se greffer parfaitement au sujet principal de l’album qu’est la relation que nous entretenons avec l’amour. Sans tracas coincé, SZA nous parle de façon honnête - quasi confessionnellement – de liberté sexuelle, de l'empowerment de femmes et d’intimité. La pièce Doves in the Wind (featuring Kendrick Lamar) - pièce phare de l’album - vient matérialiser tous les concepts évoqués plus haut à grands coups de slangs et de vaillants mots prohibés. Somme toute, Ctlr est un album important de 2017 et une écoute attentive en vaut la peine pour tout amateur(trice) de la fluidité des genres entre hip-hop, R&B et soul.


Ash, Ibeyi • Production XL Recordings Date de sortie; 29 septembre 2017 Les deux jumelles franco-venezueliano-cubain lancent un nouvel album, deux ans après leur premier album éponyme. Les jeunes protégées de Beyoncé sont entourées ici des prodiges Kamasi Washington, Mala Rodriguez, Meshell Ndegeocello et Chilly Gonzales. Ces duos viennent ajouter une couleur, une teinte particulièrement internationale aux sons déjà bien singuliers d’Ibeyi. Ash se tient dans une rythmique afrolatina et électronique – fortement influencé par les travaux de James Blake -. Dans cet album, on sent d’autant plus l’influence de leurs origines yoruba cubaine dans plus d’une pièce qui mélangent tout en texture le français, l’anglais et la langue et les percussions yoruba (M e Voy). C’est en douceur et lenteur qu’Ibeyi nous transporte tantôt aux confins de l’île cubaine, tantôt dans un son style électro parade française (A way Away). Une idée de voyage - de continuum - se développe au fil de l’écoute de l’album. Ibeyi avance des idées avant-gardistes et un militantisme visant la réappropriation des rythmiques de leurs descendances féminines issu de l’esclavagisme africain en territoire cubain. Dans cette optique, elles utilisent même un sample d’un discours de Michel Obama concernant le féminisme intersectionnel (No Man Is Big Enough For My Arms). Cet album est beau, beau de légèreté, de redevance aux ancêtres, aux sons d’autrefois à la sauce downtempo d’Ibeyi. Définitivement qu’Ash nous donne envie d’être ailleurs et de danser au soleil au son heureux de la pièce I wanna be like you notamment.


Crédit photo (album d'Ash, Ibeyi, Productions XL Recordings): https://www.franceinter.fr/emissions/dans-la-playlist-de-france-inter/dans-la-playlist-de-france-inter-26-septembre-2017

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