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Larbi Nouboud

Cannabis : ennemi numéro 1 de la santé publique?


La légalisation du cannabis a amené plusieurs questions par rapport à la santé publique. Le cannabis, légalisé le 17 octobre 2018, est une drogue dont plusieurs se méfient. Le mot «drogue» à lui seul peut en faire réagir certains, mais il ne faut pas juger dans l’ignorance. Selon moi, le cannabis amène certes plusieurs enjeux et problèmes qu’il faut évaluer, mais la santé publique est loin d’être un enjeu aussi important qu’on ne pourrait le croire. Nombre de personnes croient que le cannabis apporte beaucoup de problèmes en ce qui concerne la santé des Canadiens, ce qui représente une croyance démesurée par rapport à la réalité dans laquelle nous vivons. En revanche, les réflexions à ce sujet restent nécessaires.


Pour répondre à la question énoncée dans le titre : NON.


Bien avant le cannabis, la consommation d’alcool, de tabac et d’opioïdes menacent beaucoup plus la santé des Canadiens, a indiqué l’administratrice en chef de la santé publique du Canada dans un rapport dévoilé le 23 octobre 2018. De plus, elle voit d’un bon œil l’arrivée de cette substance dans la sphère légale puisque selon elle, le cannabis va permettre de prévenir plus facilement les problèmes de consommation, particulièrement chez les jeunes. Il faut progresser et même revoir notre approche quant à l’alcool et aux autres substances psychoactives même si, ces derniers temps, c’est le cannabis qui a pris une place considérable dans les réflexions politiques et législatives. Dans son Rapport sur l’état de la santé publique au Canada, l’Agence de santé publique du Canada souligne que l’alcool, le tabac et les opioïdes ont été responsables en 2014 de 78,4% des coûts en soins de santé, pour une facture globale d’environ 30,1 milliards de dollars, en comptant aussi les coûts par rapport à la justice pénale. En revanche, le cannabis arrive en quatrième place des substances coûteuses en matière de santé publique : le cannabis est responsable de 7% de ces coûts, dont la moitié est liée à la justice pénale. Les coûts en rapport à la justice pénale devraient grandement diminuer aujourd’hui en raison de la législation sur le cannabis [1].


À la place de se concentrer autant sur le cannabis, on devrait fournir plus de notre temps et de nos efforts pour s’attaquer à d’autres enjeux au niveau de la santé publique, comme la crise des opioïdes. L’an dernier, les surdoses d’opioïdes ont entraîné la mort de 4000 Canadiens, soit 11 par jour. 11 morts par jour! L’industrie pharmaceutique et l’utilisation des médicaments amènent plusieurs enjeux médicaux qu’il faut absolument régler sans se convertir au lobbying. Bref, la crise des opioïdes et l’industrie pharmaceutique représentent plusieurs problèmes pour la santé publique qui ne peuvent être relatés en un paragraphe, et qui sont nettement plus prépondérants que le cannabis.


Cependant, la dépendance du cannabis chez les jeunes est un problème au niveau de la santé publique qui vient particulièrement me chercher. J’avais de nombreux doutes face à la légalisation du cannabis, puisque les adolescents peuvent plus facilement devenir dépendant des drogues et avoir des effets sur leur développement cérébral, crucial à leur âge. Il est vrai que l’âge légal pour la consommation du cannabis est 18 ans, mais on ne peut nier le fait que lorsqu’une drogue ou une substance psychoactive devient légale, il est plus facile pour les mineurs d’acquérir cette drogue et de la consommer. Or, 3% de la population Canadienne âgée de 15 ans et plus déclare une consommation quotidienne, et donc problématique, de cannabis, contre 13% pour le tabac et 20% pour l’alcool. Ainsi, la dépendance envers le cannabis est moindre, mais elle pourrait facilement augmenter après la légalisation de celle-ci.


Est-ce que je suis pour le cannabis? Oui. Est-ce que le cannabis est l’ennemi numéro 1 de la santé publique? Non. Mais, est-ce qu’il faut continuer à se poser des questions sur les enjeux reliés à la légalisation du cannabis? Définitivement oui. Selon moi, être pour ou contre la légalisation du cannabis n’est plus le débat actuel, et là n’est pas ce qui importe. L’important est de débattre des enjeux reliés au cannabis comme la dépendance chez les jeunes, l’impact sur les populations autochtones ou l’âge minimal qui devrait être permis pour en consommer, afin de vivre dans un monde meilleur où tout le monde aurait accès à sa petite feuille verte préférée. Au moins, maintenant, les débats autour du cannabis pourront se faire avec un peu de cannabis dans l’air...


[1] « Santé publique : le cannabis n’est pas l’ennemi numéro 1 », Le Devoir, mis à jour le 24 octobre 2018, Adresse Url : https://www.ledevoir.com/societe/539694/cannabis-et-sante-publique-pas-de-panique


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