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Kristel Ouellet-Clark

Agir au-delà des signatures


Mercredi dernier, le 7 novembre, plusieurs personnalités ont signé ce «Pacte pour la transition» écologique. Certes, une très belle initiative mais, soyons honnête, des signatures sur un bout de papier vont-elles sauver la planète ? Peut-être suis-je seulement trop pessimiste, mais j'ai l'impression que les membres de ce pacte sont l'équivalent d'une troupe de 10 soldats contre une armée. J'approuve à 100% le mouvement, mais l'espoir a déserté mon camp. J'y vois seulement une autre tentative désespérée d'influencer le pouvoir en place qui ne parle qu'en terme de profit, car, disons-le, cette transition écologique est nécessairement une perte d’un point de vue économique. S'affronter au pouvoir pour la planète, c'est comme tenter de changer des mentalités millénaires dans lesquelles est prôné le profit au détriment de la vie.


L'argent est depuis si longtemps un moteur central de l'existence qu'on pourrait même le considérer comme une forme de langage numérique pour l'homme. On a appris à l'homme à parler en termes de profit, il serait peut-être temps de commencer à utiliser ce langage pour notre planète. Reconnaissant qu'un des fléaux majeurs pour l'environnement est la monétisation de la nature, ne serait-t-il pas possible d'inverser ce concept si destructeur pour le rendre avantageux? Il est peut-être temps de monétiser l'environnement, mais d'une nouvelle manière. Il est peut-être temps que l'environnement soit plus que l'objet de simples propositions, de négociations, de recommandations... Il est temps que l'environnement devienne une question juridique à laquelle on applique un caractère coercitif à l'aide de sanctions.


Tout d'abord, il y a eu le protocole de Kyoto visant la réduction de l'émission des gaz à effet de serre dans lequel aucune sanction n'a été définie concernant son non-respect. Prenons ensuite l'exemple de l'accord de Paris, le premier accord universel concernant le réchauffement climatique. Celui-ci dégage supposément un caractère juridique contraignant, mais en réalité, aucune sanction n'est prévue en cas de non-respect des engagements de chacun et à ce jour, peu nombreux sont ceux qui sont en voie de le respecter. En abrégeant fortement, l'accord de Paris n'est qu'une copie conforme du protocole de Kyoto, soit une représentation de la conscience d'agir, mais une conscience pas assez imposante pour que tous s'obligent réellement.


C'est certain que d'apposer sa signature sur pareil document fait foi de son implication, sauf que cette implication n’est trop souvent qu'une question d'honneur, qu'une question de bien paraître alors qu'au final, nous – ou devrais-je dire les dirigeants des différents pays – sommes tous un peu qu'une bande d'hypocrites en quête de soulagement de conscience. C'est toujours plus facile de signer un accord sans crainte de répercussions, mais pourtant les conséquences ultimes seront beaucoup plus dévastatrices que la perte de plusieurs dollars. À la fin de l'histoire, on pourra quand même essayer de se soulager en se disant qu'on aura essayé, mais nous savons tous à l'intérieur de nous-mêmes que cela est faux. Au final, nous n’avons qu'essayé de bien paraître pour le regard d'autrui et non pour la survie de notre planète, parce que l'égo de l'homme aura été plus important que sa survie.


Maintenant, parlons à plus petite échelle. Pendant que le réchauffement climatique est à son comble et que le désastre est imminent, quoi de mieux que d'augmenter les contraventions faites aux cyclistes. Au lieu d'encourager les modes de transports écologiques, on réprimande pour des raisons aussi banales qu'un réflecteur manquant sur la roue arrière d'un cycliste circulant en plein jour. En plus, le prix du transport en commun augmente constamment sans pour autant que la qualité du service augmente proportionnellement, mais cela est un tout autre débat. Un jour ou l'autre, il faudra choisir son combat, mais il y en a définitivement un à prioriser sans quoi tous les autres seront inévitablement perdus de même. Certes, la sécurité des cyclistes est importante, mais, pour rouler, il faut une terre, et cette terre, nous sommes en train de la perdre.


Nous, Nord-Américains, ne sommes pas mieux que n'importe qui. Ce n'est pas en achetant des rasoirs en inox, en achetant en vrac, en utilisant une paille réutilisable, en faisant notre lavage à l'eau froide, ou en éliminant le saran wrap de nos cuisines que notre conscience peut être pour autant tranquille. Certes, c'est un début, mais il faut voir plus grand, plus important, plus rapidement. On consomme sans réfléchir pour ensuite réfléchir comment réduire, mais quand allons-nous réellement agir ?


Bref, ce pacte, signez le si vous le voulez, mais, plus important encore, agissez, parce que cette transition écologique c'est, je le crains bien, notre dernière porte de sortie. On dit souvent que l'homme est prêt à tout sous l'instinct de survie, et bien il est peut-être temps de l'enclencher cet instinct.


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