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Marc-Antoine Gignac

Pourquoi les hommes ne sont-ils pas féministes?


On ne se le demandera jamais trop : pourquoi les hommes ne sont-ils (statistiquement) pas féministes? Plusieurs questions entourant le sujet se posent, mais c’est à celle-ci que je m’attarde aujourd’hui.


Le 30 octobre dernier, le comité Femmes et droit a organisé une conférence invitant nulle autre que Lili Boisvert sur le thème : Sexe et de l’égalité des sexes. Bref, une discussion à forte teneur en féminisme.


Or, quelle déception de constater que, sur la soixantaine de personnes présentes, nous étions, tout au plus, cinq personnes s’identifiant au genre masculin. Une présence déplorable. Alors qu’il est connu que, statistiquement, certains sujets intéressent tel ou tel genre sexuel, pourquoi le sexe, généralement un « sujet d’homme », n’en a-t-il attiré qu’une poigné? Serions-nous soudain prudes? Le mot vulve vous choque-t-il, Monsieur?


Je ne suis évidemment pas ici pour déplorer le caractère puritain de ceux qui brillèrent par leur absence. Je me pose simplement cette question : vous qui étudiez le droit, pourquoi une conférence sur l’égalité sexuelle ne vous intéresse-t-elle pas? Bien entendu, je ne peux blâmer à tort et travers, car force est d’admettre que, en cette faculté, on croule sous les événements en tout genre. N’empêche, alors que l’auditoire de la plupart des conférences soit constitué de façon globalement paritaire, celui de la conférence féministe était anormalement disproportionné. Sans avoir fait d’analyse statistique, on peut tout de même en déduire un certain dédain de la gente masculine envers le féminisme.


Pourquoi cela? Je n’ai pas la réponse. En tant qu’homme-cis, je suis bien mal placé pour comprendre les réalités des personnes discriminées, notamment les femmes et les minorités sexuelles. Ainsi, à défaut de pouvoir me mettre dans leur peau, je les écoute. Je m’informe. Je tends l’oreille à des situations qui dépassent mon entendement, et je relativise ma position.


Grâce à des discussions, grâce à des conférences comme celles-ci, il est de plus en plus facile pour moi de comprendre certains enjeux qui touchent notre société et nos « moi » individuels chaque jour. Je me repose alors cette question : pourquoi les hommes ne sont-ils pas féministes?


Le féminisme, c’est plutôt difficile à décrire, et personne ne s’entend exactement à ce propos. Pour moi, le féminisme, c’est m’informer et agir dans l’objectif d’en arriver à une égalité des sexes, des genres et des orientations. Je ne peux pas tout faire, mais je peux bien entendu jouer le rôle de l’allié. L’allié, c’est celui (ou celle, mais la plupart du temps celui) qui, bien qu’ayant un statut social privilégié (homme, blanc, riche, éduqué, par exemple), prend conscience de ladite position et fait en sorte qu’elle serve… à être perdue.


Et c’est possiblement la réponse à ma question. Le féminisme, pour un homme, c’est accepter de perdre une position socialement avantageuse. Pourtant, je refuse de voir cela en termes de perte, et j’invite tous ces messieurs à faire de même. La perte de votre prestige individuel n’est rien comparée aux gains que nous aurons en tant que société.


Quand je vois une conférence féministe dont l’auditoire est tout sauf masculin, je m’étonne : pourquoi les hommes, qui ne vivent pas la situation d’oppression de la gente féminine, refusent-ils de s’informer? Il faut cesser de regarder son nombril, de penser que le féminisme, c’est pour les femmes. Le féminisme, c’est pour tous, surtout les hommes : utilisez votre position pour faire s’écrouler notre système misogyne, mieux connu sous le nom de patriarcat.


Maintenant, vous ne pouvez plus vous cacher. Nous sommes ceux qui en ont le plus à apprendre sur le féminisme, et sur la situation des femmes et des minorités sexuelles. À la prochaine conférence féministe, je ne veux y voir que des hommes!



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