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Léa Bruyère

Serons-nous en compétition avec les robots pour obtenir un emploi?


Dans un avenir prochain, face à l’entrevue pour obtenir notre emploi de rêve, aurons-nous besoin d’argumenter ? Pourrons-nous être dépassés par le robot ? Est-ce que les connaissances que nous aurons acquises au bac deviendront dépassées, voire caduques ?


Le domaine du droit n’est pas à l’abri


Partout dans le monde, de plus en plus d’emplois sont mis à l’épreuve, car ils constituent des emplois facilement remplaçables par l’intelligence artificielle. Celle-ci peut effectuer le travail d’un humain en moins de temps, à un coût moins élevé, remplaçant ainsi le salaire dont dépendent ces travailleurs.


Longtemps, les emplois dans le domaine du droit étaient considérés comme étant à l’abri d’un remplacement par l’intelligence artificielle, car ils nécessitent encore un haut niveau de connaissances et de compréhension ainsi que la capacité d’argumenter et de raisonner pour résoudre des situations complexes. Ces traits, jusqu’à maintenant, étant considérés comme uniquement humains.


Or, une équipe de travailleurs à Edmonton avec Randy Goebel est actuellement en pleine recherche. Le but : développer, depuis 2017, des robots dotés de la capacité de raisonner légalement. Ces derniers seraient en mesure de peser les preuves, en arriver à une règle et faire des prédictions pour ce qui serait la conclusion des cas. S’ils parviennent à atteindre leur but, ceci changerait radicalement le rôle et la nécessité des avocats et des juges dans la société. De plus, ces chercheurs, en collaboration avec des experts japonais, ont déjà développé une intelligence artificielle capable de réussir le barreau japonais.


Les avantages de l’intelligence artificielle légale pour la société


Avant d’avoir peur d’être remplacés par un robot, nous devrions percevoir aussi l’utilisation de cette intelligence artificielle comme un outil de travail fiable. L’intelligence artificielle aide la profession à étudier les précédents et à faire des plans pour gagner de nouveaux cas. De surcroit, le robot peut être même plus utile qu’un avocat dans sa capacité de référencer des cas plus obscurs. En somme, l’intelligence artificielle deviendrait un outil de recherche juridique utile qui sauverait de l’argent et du temps.


LISA, disponible en ligne, donne recours à un arbitre robotique pour conclure un contrat sans l’aide d’un avocat. Un de ses bénéfices consiste en un balancement des arguments des parties, permettant ainsi de s’abstenir d’avoir à recourir à des négociations entre l’avocat de chaque côté. De cette façon, LISA élimine le besoin d’un avocat pour la base de clients concernés.


Quant au programme CaseIQ, en Inde, celui-ci retrouve des documents légaux associés au cas en question et il peut suggérer des améliorations au texte du bref légal soumis. Dans cette optique, les jeunes avocats qui ontaccès à cette technologie en Inde deviendraient plus prolifiques, et ce, plus rapidement… Cette intelligence artificielle réduit le temps requis pour analyser la documentation, mais elle est encore imparfaite.


Aux États-Unis, l’intelligence artificielle peut déjà prédire correctement 70 % des décisions de la Cour Suprême. Il est plus probable qu’elle soit utilisée comme un clerc pour assister les juges, et non les remplacer. Case Cruncher a un taux de précision de 86,6 % comparé à un avocat qui est à 66,3 % pour faire une prédiction exacte.


Le programme COIN (Contract Intelligence) peut faire en quelques secondes ce qu’un aide légal nécessiterait comme temps de travail, (360 000 heures), ce qui remplace à la fois des emplois, des parajuristes et des techniciens juridiques, principalement, mais aussi de jeunes avocats. Pourquoi alors les embaucher ? Ceci laisse espérer l’idée qu’un humain formé en droit peut offrir mieux qu’un robot.


Un algorithme : dangers pour la justice?


Un algorithme protégerait la prédictibilité du droit. Toutefois, un des défis majeurs consiste en le fait qu’un algorithme ayant conclu un cas est difficilement contestable, car il est peu compris par les experts légaux. Souvent, la réponse générée est simplement adoptée par l’avocat, et elle n’est pas réévaluée de façon critique. Le système légal devrait être transparent et avoir la capacité d’être révisé.


Un des problèmes majeurs avec cette technologie est qu’en vertu du fait qu’elle est basée sur des précédents, elle peut contenir certains préjugés ou être partielle… et, conséquemment, ne pas évoluer au rythme de la société. Le travail de Joanna Bryson de l’Université de Bath nous prévient que les algorithmes peuvent contenir des préjugés sur la race et le sexe.


Même s’il faciliterait l’accès à la justice immédiate, en réduisant le coût d’expertise légal et le temps que ça prend pour résoudre un cas, il ne faut pas perdre de vue que l’accélération du processus ne peut pas être valorisée plus que la qualité de la justice. Une justice rapide et peu coûteuse, mais aveugle, n’en est pas une.


Un autre problème possible est que si l’impartialité de ces systèmes n’est pas garantie, elle contiendrait des penchements politiques ou économiques parce que le système ne peut qu’être aussi impartial que les données qui y sont ingérées.


Que faire?


Même avec ce portrait qui semble pessimiste pour les emplois en droit, il faut éviter d’être emballé par l’idée que nos connaissances ne seront pas utiles pour notre avenir. Des nouveaux emplois seront créés, donc il faut être versatile dans nos habiletés. L’avenir du droit a certainement le potentiel de changer avec le développement lent de l’intelligence artificielle légale, pour résoudre des difficultés, réduire les erreurs, être plus efficace et avoir recours à de meilleurs outils. Ceci ne veut pas dire que l’intelligence artificielle est parfaite, elle nécessitera encore une révision humaine, des mises à jour, des études sur leurs contradictions et leurs algorithmes, et beaucoup d’années avant que les clients et les avocats puissent les utiliser avec confiance à travers le Québec.



Références


"Lucy DOMACHOWSKI. Robot judges to try suspects in court according to shock AI prophecy. 8 juin 2018. Daily Star. En ligne."

"Wallis SNOWDON. Robot judges: Edmonton research crafting artificial intelligence for courts. 19 septembre 2017. CBC News. En ligne."

"Christopher MARKOU. Are we ready for robot judges?. 16 mai 2017. Discover Magazine. Université de Cambridge. En ligne."

"Rory CELLAN-JONES. The robot lawyers are here - and there winning. 1er novembre 2017. BBC News – Technologie. En ligne."

"Erin WINICK. Lawyer-bots are shaking up jobs. 12 décembre 2017. MIT Technology Review. En ligne."



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