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Marc-Antoine Gignac

2019, ou crisser la planète en feu


Il y a de ces moments où, pour reprendre Hubert Lenoir, on a le goût de « se crisser en feu ». Pour ma part, c’est parfois l’humanité que je veux crisser en feu. N’y voyez pas là des intentions génocidaires ; c’est simplement qu’il y a de ces matins où je me réveille profondément déçu, frustré de cette humanité dont je fais partie, et où, la misanthropie me gagnant, je n’ai qu’une seule envie : envoyer paître tout ce beau monde d’une quelconque manière.


Ceux qui me connaissent savent que je suis un adepte du zéro-déchet et que l’écologie me tient à cœur. En attendant que mes gouvernements, ma société et les individus se bougent le cul, je fais mon possible pour réduire mon empreinte écologique – qui est à 1,4 planète si tou.te.s vivaient comme moi, et qui aurait atteint 0,9 n’eût été de mon voyage au Costa Rica (sur le droit de l’environnement, quelle ironie tout de même). Aussi bien dire que je prêche par l’exemple (imparfait) et que je vis dans l’espoir d’un monde plus vert chaque jour.


Vous comprendrez donc ma volonté de crisser le feu à quelques places, à commencer par l’industrie gazière et pétrolière (pour l’industrie laitière et bovine, ce sera pour l’édition de février). Déjà que 2018 me fut difficile sur le moral avec l’achat d’un oléoduc par l’État en personne et l’épisode en suspens de Grenville-sur-la-Rouge, voici que 2019 s’abat sur moi avec la Gaspésie. Le Devoir m’apprenait [1] sans crier gare mardi le 4 janvier au matin que l’entreprise albertaine Cuda Pétrole et gaz compte exploiter du pétrole en sous-sol gaspésien. Si je buvais du café, je me serais étouffé avec.


Dans ces cas d’espèces, je tiens d’abord et avant tout à souligner les efforts qu’ont mis et que mettrons des centaines de citoyen.nes pour bloquer les projets. Comme souvent, mes frères et sœurs écologistes montent au front et savent s’indigner, et j’espère que leurs efforts porteront fruit. Je constate néanmoins qu’on a beau s’indigner, qu’on a beau crier, qu’on a beau même utiliser le système judiciaire pour demander justice (ne soyez pas cynique), comme le fit la municipalité de Grenville-sur-la-Rouge, on trouve toujours plus con que soi.


On retrouve encore, en 2019, des individus qui se cachent derrière des personnes (im)morales pour garnir leur portefeuille. Avec tout ce que l’on sait, tout ce qui se dit, tout ce que l’on voit et ressent (pas de vraie neige permanente avant le 7 janvier!), je constate que certain.es n’ont pas compris le message et continuent de faire la sourde oreille pour précipiter l’humanité entière vers un gouffre toxique, au bord duquel nous nous tenons déjà en équilibre, si nous n’y sommes pas déjà tombé.es… Tant mieux si les projets avortent, si on déclare qu’ils n’ont pas la fameuse « acceptabilité sociale », mais, bon sang, pourquoi et comment peut-on encore penser à extraire du pétrole? Alors qu’on se tue à penser le monde autrement, alors qu’on s’époumone en vertu de la transition écologique, je ne peux accepter une goutte de plus de pétrole. Et que les adeptes de l’argumentaire économique aillent se faire voir. Pour reprendre un dicton : quand il n’y aura plus d’eau, plus de nourriture, quand il n’y aura ni arbre, ni plante, ni animaux, l’Homme blanc découvrira que l’argent ne se mange pas.


Je n’ai donc aucune réflexion sur 2018. Pas de souhait pour 2019 non plus. Je veux simplement que ceux qui puisent ce pétrole, qui en distribuent, en utilisent par simple appât du gain, soient épris d’une lueur de conscience face à leurs actions. À leur place, j’aurais honte de ce que j’ai fait, et je me crisserais en feu.


[1] Alexandre SHIELDS, « Premier projet d'exploitation pétrolière en Gaspésie », Le Devoir, 4 janvier 2019, en ligne : https://www.ledevoir.com/societe/environnement/544808/projet-de-30-forages-petroliers-en-gaspesie?fbclid=IwAR3uy1RAuAsxfC4Eihn3cNt8tzAP-s5eYXLbc0NngCUInSdFSXTzOiy02eU



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