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Larbi Nouboud - Amnistie internationale

Stérilisation des femmes autochtones au Canada

Oui, vous avez bien lu le titre! Partout au Canada, des femmes autochtones ont révélé avoir été soumises à une stérilisation forcée ou sous la crainte en 2017. Selon les témoignages de certaines femmes, on leur aurait menti en leur disant que l’intervention médicale de stérilisation était réversible.


D’autres femmes témoignent qu’on les aurait séparées de leur bébé jusqu’à ce qu’elles consentent à une ligature des trompes. Ces témoignages me pétrifient : comme plusieurs d’entre vous probablement, je n’aurais jamais cru que de tels actes seraient imaginables au Canada. La stérilisation forcée et sous la contrainte des femmes autochtones résulte de la violence et de la discrimination systémique envers les peuples autochtones dans la prestation des services publics au Canada, une façon de faire connue et reconnue par le gouvernement. Il s’agit d’une agression contre les femmes autochtones, leur famille, leur communauté et leur nation, qui ont déjà subi l’assimilation forcée par le colonialisme, y compris des pratiques associées à l’eugénisme. Il s’agit d’une atteinte tant aux droits des peuples autochtones qu’aux droits des femmes. Il est temps de mettre fin à la discrimination des peuples autochtones, surtout au palier gouvernemental.


Ce que nous voulons vraiment, au-delà de la myriade de promesses électorales et intéressées : un gouvernement juste et non discriminatoire. Pas un gouvernement où la discrimination des droits des peuples autochtones est devenue une « pratique reconnue ». Ces dernières années, les droits des peuples autochtones sont de plus en plus reconnus et il est important que le gouvernement retravaille sur sa relation avec les peuples autochtones et sur la reconnaissance de ses droits. Cependant, le gouvernement reporte le sujet chaque année, mais aujourd’hui, plus que jamais, il est temps de faire face à cette problématique honteuse qui pèse sur le Canada depuis des siècles. Les peuples autochtones au Canada sont un enjeu, certes compliqué, mais qui doit être résolu.


Stériliser les femmes sans leur consentement entier, libre et éclairé est une atteinte directe aux droits des femmes. Telle discrimination par le gouvernement canadien à l’égard des femmes autochtones constitue une forme de violence et de torture, n’ayons pas peur ou honte de le dire. Toutes les femmes ont le droit humain de décider si, quand et comment elles souhaitent former une famille. Toutes les femmes ont le droit de se prémunir contre la violence et la discrimination. Toutes les femmes ont le droit à un système de santé en lequel elles peuvent avoir confiance. Qui plus est, les mesures visant à entraver les naissances au sein de groupes ethniques ou raciaux sont interdites de manière explicite par la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. En effet, ces mesures sont expressément assimilées à des actes génocidaires en vertu de l’article 2d) de cette même convention.


Plusieurs organismes, dont Amnistie internationale, ont appuyé une déclaration demandant au gouvernement canadien d’adopter immédiatement des mesures à l’encontre de la stérilisation forcée ou sous la contrainte des femmes autochtones du Canada. Cette déclaration énumère les mesures qui devraient être adoptées pour solver l’enjeu en question :

  • Enquêter sur les allégations de stérilisation forcée ou sous la contrainte au Canada, en apportant une attention particulière aux cas qui impliquent des femmes et des filles autochtones, et de fournir justice et compensations aux survivantes et à leur famille;

  • Nommer un représentant spécial qui rencontrera les survivantes et leur famille pour entendre leurs demandes de justice et de compensations;

  • Faire appliquer les lois pénales existantes sur les agressions et les mesures disciplinaires pour non-respect des normes professionnelles relatives à la stérilisation forcée ou sous la contrainte;

  • Changer les politiques et pratiques gouvernementales pour interdire de manière explicite la stérilisation sans leur consentement entier, libre et éclairé;

  • Mettre en œuvre les demandes de la Commission de vérité et réconciliation du Canada au sujet des points 23 et 24 portant sur la hausse de l’embauche de professionnels de la santé d’origine autochtone et sur la formation en compétences culturelles prodiguée à tous les professionnels de la santé;

  • Élaborer un plan de mesures nationales exhaustif visant à prévenir et à faire cesser la violence basée sur le sexe en engageant la participation du gouvernement fédéral, des provinces, des territoires, des municipalités et des Premières nations.

Ces mesures permettront de s’assurer que la stérilisation forcée envers les peuples autochtones ne se reproduira plus et que le droit des peuples autochtones soit reconnu plus largement au sein du gouvernement canadien. Il reste seulement à espérer que le gouvernement tiendra compte de cette déclaration pour pouvoir enfin avancer dans la reconnaissance des droits autochtones au Canada. Il est plus que temps qu’une véritable place soit faite aux peuples autochtones au sein de la fédération canadienne.


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