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Olivier Béliveau

Pendant ce temps,
 aux États-Unis…


L’élection états-unienne : par où commencer? Si l’on présente toujours les élections comme majeures et cruciales, il faut reconnaitre que parfois, comme en l’occurrence, c’est particulièrement vrai. Trump a su surprendre tout le monde; d’abord en se faisant nominer et maintenant en multipliant des gaffes majeures, gaffes qui ont su endommager gravement sa popularité. Quant à Clinton, sa campagne est somme toute classique, mais reste extrêmement intéressante d’un point de vue stratégique.

La bonne nouvelle c’est que, si la tendance se maintient, Hillary Clinton sera la prochaine présidente des États-Unis. Une compilation de plusieurs sondages incluant les quatre candidats (Trump, Clinton, Johnson et Stein) lui donne une avance de six points.1 Qui plus est, Mme Clinton est en avance dans plusieurs États-clés comme la Floride (trois points)2, la Caroline du Nord (deux points)3 et le Michigan (six points)4. Bien qu’un peu plus de la moitié de la population soit défavorable à Clinton5, force est d’admettre qu’elle reste beaucoup plus populaire, dans son impopularité, que Trump, qui lui n’est perçu favorablement que par le tiers des citoyens états-uniens6.

Clinton

Clinton a mené une campagne somme toute assez classique, en mettant l’accent sur l’économie, l’environnement et en essayant de se donner une image plus humaine, plus terre-à-terre, moins establishment. Le réel intérêt a été d’observer sa stratégie face à Trump; ce dernier étant un candidat atypique, la réponse de la campagne Clinton ne pouvait être standard. Or, étant donné que l’impopularité de cette dernière est assez grande, les stratèges démocrates ont décidé d’opérer en mode réaction. Effectivement, si on ne voit que Trump dans les nouvelles c’est parce que celui-ci n’arrête pas de se mettre le pied dans la bouche, mais aussi parce que Mme Clinton essaie de passer sous le radar. Sans s’attarder sur l’évènement de Benghazi ou sur le « scandale » de gestion de courriels, force est de constater que Clinton reste une candidate impopulaire ayant certainement quelques squelettes dans le placard…

Trump

La déchéance de Trump et du Grand Old Party (GOP), quant à elle, s’observe dans les résultats désastreux qu’il continue d’accumuler au niveau des sondages. Par ailleurs, sa décision d’aller en Louisiane pour « aider » les sinistrés (lire se refaire une image) ne risque pas de faire changer le vent de direction. En fait, la stratégie républicaine en réponse aux inondations qui touchent présentement la Louisiane est avant tout de critiquer le président Obama puisque celui-ci est en ce moment en vacances et ne s’est pas déplacé sur les lieux du sinistre. Le gouverneur de la Louisiane, John Edwards, n’a pourtant dit que du positif de la gestion qu’a fait Obama de cette catastrophe : de hauts fonctionnaires de la Homeland Security et de Federal Emergency Management Agency (FEMA) se sont rendus sur place, les fonds nécessaires à la gestion du sinistre ont été débloqués rapidement et Edwards a louangé la décision d’Obama d’attendre avant de se rendre sur place.

Il est donc tentant d’essayer de prédire qu’arrivera à Trump exactement la même chose qui lui est arrivée après l’attentat d’Orlando. Une réponse opportuniste à une tragédie sérieuse ne peut que miner la tentative de la campagne Trump de rendre ce dernier plus consensuel. La stratégie du GOP semble être avant tout de donner à son candidat l’air de savoir-être présidentiel dont il manque cruellement. Le problème, c’est que plus qu’un manque de tact ou de bon gout, la dégénérescence de la campagne Trump tire son origine avant tout de l’inintelligence et de l’inculture de celui-ci. Cette décision d’aller en Louisiane pour tenter de redorer son image ne fait que démontrer l’état d’apathie dans lequel se trouve l’équipe du candidat républicain en ce moment.

Et les autres…

L’impopularité des candidats des deux grands partis nous ouvre la porte sur des acteurs assez peu connus de la politique américaine : les petits partis. Ceux-ci ne peuvent rivaliser avec les véritables machines de guerre politiques que sont les partis démocrate et républicain et donc cette élection représente pour eux une réelle opportunité d’être élu. Évidemment, cette notion « d’opportunité réelle » est relative étant donné que les candidats libertarien et vert, Gary Johnson et Jill Stein respectivement, stagnent tous les deux sous la barre du 15 %, soit le pourcentage requis pour participer aux débats. Qui plus est, l’histoire n’est pas de leur côté : le dernier candidat d’un troisième parti ayant été président est Millard Fillmore, du parti whig, et a terminé son mandat en… 1853.

Au niveau du Parti libertarien, Gary Johnson se présente comme un candidat socialement libéral, mais fiscalement conservateur. Il défend notamment le mariage homosexuel, le droit à l’avortement, le non-interventionnisme, la légalisation de la marijuana, l’interdiction de la peine de mort et croit que l’expropriation ne devrait pas profiter à l’industrie privée. Vous commencez à l’aimer? Il s’est aussi prononcé contre la notion de salaire minimum et Obamacare et pour la construction d’usines thermique au charbon. C’est essentiellement un candidat qui défend une vision contemporaine du libertarisme. GOP without the crazy parts, autrement dit. Johnson étant assez populaire auprès des jeunes, il est à prévoir qu’un gain en popularité pour ce candidat serait surtout dommageable pour Clinton.

Quant à Jill Stein, candidate du parti vert défendant une plateforme de gauche, il semble que sa tentative de récupérer les partisans de Sanders en manque de révolution soit un échec puisqu’elle plafonne autour de 4-5 % selon les meilleures prédictions.

Le traitement médiatique de Trump a, quant à lui, réussi à occulter un autre enjeu clé de cette élection : le contrôle du 115e Congrès états-unien. En effet, l’ère d’obstructionnisme du parti républicain pourrait prendre fin si les démocrates réussissent à reprendre possession du sénat et de la chambre des représentants. Les sondages et les analystes politiques prévoient qu’un congrès démocrate est possible, voir probable7,8, mais il faut garder en tête que les républicains ont présentement le contrôle des deux chambres et jouissent d’une majorité confortable dans la chambre des représentants (247-186).

Ouf… On peut se rassurer en se disant qu’ici au moins Trudeau a les deux mains sur le volant et s’attaque à l’entièreté des maux de notre société à grands coups de selfies. Il s’est entre autres fait le défendeur des intérêts de la communauté LGBT en marchant aux parades de la fierté gaie de Montréal et de Toronto, en assouplissant les restrictions sur les dons de sang par les homosexuels et en vendant des armes à l’Arabie Saoudite…

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