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Émilie Paquin

Yes, he can!


La cloche qui met fin à la récréation sonnera bientôt. Barack Obama portera prochainement le titre d’« ex-président américain »… Et nos voisins du Sud ont de bonnes raisons de pleurer.


En 2008, on l’a aimé pour son sourire charismatique et ses promesses électorales principalement composées de la fermeture de Guantanamo et du retour au bercail des dernières troupes américaines en Irak, vestige de l’opération « Irak Freedom ». En 2012, on l’a aimé pour son sourire charismatique (oui, encore ce sourire), son ardent désir de protéger la classe moyenne et son apparition au Late Show avec David Letterman. En 2016, on l’a aimé pour son amitié avec le couple (quasi royal) Beyoncé-Jay Z, l’implication de sa charmante femme pour la cause féministe (sans oublier son interprétation de Single Ladies au Carpool Karaoke) et son dévouement pour créer un gigantesque sanctuaire marin.


Retour sur huit années de présidence ponctuées par l’ObamaCare, le (pas triste du tout) décès d’Oussama Ben Laden, le renouement diplomatique avec Cuba… et par l’arrivée de cheveux gris.


***

Par où commencer.

Ah oui, Barack Obama est RÉELLEMENT américain.

Le scandale entourant le lieu de naissance du président est à faire rougir les plus grands adeptes des théories du complot. Et pour cause : en 2011, la Maison-Blanche a dû publier l’acte de naissance du chef d’État pour faire taire les thèses conspirationnistes. Ainsi, a-t-on pu apprendre que M. Obama naquit un 4 aout, 19h24 à Honolulu. Pas étonnant qu’il ait qualifié toute cette controverse de « bêtise ».


Ensuite, rappelons-nous le contexte dans lequel Barack Obama s’est attablé à son pupitre du bureau ovale après les festivités de son investiture en 2009. Les États-Unis se précipitaient tout droit dans un gouffre économique. La crise des « subprimes » battait son plein et le nouveau président devait remonter une longue pente.

Après son premier mandat, il était difficile d’affirmer que le plan de relance d’Obama s’orientait vers la voie du succès, suite aux injections de milliards de dollars pour des allègements fiscaux et dans l’investissement public.

« Petit train va loin », et en 2015, le taux de chômage atteint 5 % aux États-Unis, c’est-à-dire une situation de quasi-plein-emploi [1]. M. Obama se mérite un morceau de robot.


Toujours en 2015, la communauté homosexuelle se souviendra du 26 juin comme du jour où le mariage gai sera désormais reconnu juridiquement par tous les États des États-Unis. Cet accomplissement illustre l’évolution de la position d’Obama sur la question. Alors qu’il encourageait seulement l’union civile en 2008, le président déclare en 2012, sur la chaine télévisée ABC News, qu’il est en faveur du mariage homosexuel. Celui-ci étant maintenant reconnu par l’une des plus grandes puissances mondiales, le reste du monde pourra lui emboiter le pas en autorisant le mariage de personnes de même sexe. Et on espère qu’il le fera.


L’ObamaCare dans tout ça? Près de ressembler à notre carte soleil, le programme ObamaCare fournit une assurance-maladie privée pour les familles les moins nanties. Toutefois, l’ObamaCare n’est pas synonyme de système de santé public. Il s’agit plutôt d’une réforme sociale où l’État subventionne les individus qui ne peuvent se payer des frais médicaux. De plus, le programme oblige la population américaine (sauf certaines exceptions, dont les Amérindiens et les prisonniers) à se couvrir d’une assurance, sous peine d’amendes. Avec les subventions fournies par l’État, cela signifie que les familles modestes disposeront dorénavant d’une assurance et n’auront pas à subir de pénalités financières.


Loi entrée en vigueur en 2014, son objectif de munir tous les Américains d’une assurance-maladie universelle n’est pas encore atteint. En effet, « universelle » est un bien vaste mot puisque 5 % des Américains (c'est-à-dire 23 millions de personnes) ne sont toujours pas couverts par une assurance-maladie [2]. Mais quand même, deux morceaux de robot pour Obama qui, grâce à sa réforme, fournit une couverture à 32 millions d’Américains [3] qui n’étaient jadis pas assurés.


Promesse électorale fortement acclamée par les partisans du parti démocrate, le retrait des troupes américaines en Irak et en Afghanistan allait bon train… jusqu’à ce que le groupe armé État islamique surgisse de la broussaille moyen-orientale. Triste histoire pour les soldats, qui non seulement ont eu à retourner dans cette zone accidentée, mais le président dut même renforcer la présence américaine en sol syrien et irakien.


Dossier Guantanamo : Obama avait promis, dès sa première campagne présidentielle, la fermeture de cette prison où la torture cohabite avec la grève de la faim. Pourtant, il est difficile de fermer cette prison (qui fait fi des droits fondamentaux, soit dit en passant) lorsqu’une majorité de Républicains domine au Congrès. Obama ne demandait pas le ciel : il souhaitait simplement que les prisonniers enfermés dans cet endroit malfamé soient transférés dans des prisons en sol américain. Le président peut tout de même se donner une petite tape sur l’épaule puisqu’en février 2016, la prison abritait 91 prisonniers (dont 35 qui devaient être déplacés vers des pays tiers) [4], alors qu’elle hébergeait 680 détenus en 2003 [5] (nombre qui est lien avec l’effet post-11 septembre). Souhaitons que Clinton* reprenne le dossier laissé par son prédécesseur pour fermer définitivement ce camp inhumain.

*J’ai volontairement exclu la possibilité que Donald Trump devienne le 45ème président des États-Unis.


Concernant la fin de l’embargo contre Cuba, un bref retour historique est de mise (et puis c’est quoi, un embargo?). Dans un contexte de guerre froide et de peur du communisme, Kennedy avait, en 1962, interdit toutes les relations commerciales, financières, diplomatiques et touristiques avec Cuba (c’est ça, un embargo). Bye-bye les voyages dans le Sud pour les Américains et les cigares cubains à déguster entre amis : il ne doit plus exister de lien entre les États-Unis et Cuba, point final.


Résultat : ce pays des Antilles se trouve figé dans le temps et n’a pas subi d’américanisation. Ça peut sembler positif au premier abord, mais l’économie cubaine connut de majeures difficultés pour assurer sa croissance. En 2009, Cuba aurait perdu 70 milliards de dollars américains en raison de cet embargo [6].

54 ans plus tard, Obama change les choses en autorisant les Américains à faire leur tourisme à Cuba (bonjour les voyages dans le Sud!), en éliminant l’interdiction de l’accès cubain au système bancaire international et en laissant les Cubains travailler aux États-Unis moyennant salaire. L’embargo est assoupli, mais il demeure pour certains aspects économiques. Comme dans le cas de Guantanamo, ça prend l’accord du Congrès pour mettre fin d’une façon définitive à l’embargo et il est toujours mené par les Républicains…


Finalement, on se souviendra d’Obama tout simplement parce qu’il a été un président cool, moderne et humain. Que ce soit en donnant la réplique à Zach Galifianakis dans le show Between Two Ferns, en conseillant Kanye West suite à l’annonce de sa candidature aux élections de 2020 aux MTV Video Music Awards ou pour le fameux trend “Thanks Obama” qu’il a lui-même popularisé, ce grand homme (de six pieds) marquera l’histoire des États-Unis. Et pas seulement parce qu’il est le premier président noir.


***

Certes, Barack Obama, on l’aime… ou on ne l’aime pas. Mais il sera toujours mieux que les deux actuels candidats à la présidence américaine.


Comme il l’a dit lui-même au diner de l’Association des correspondants de la Maison-Blanche : “Obama’s out.” *drop the mic*


1.http://www.lefigaro.fr/elections-americaines/2016/01/14/01040-20160114ARTFIG00382-les-deux-mandats-de-barack-obama-en-10-dates-cles.php

2. http://rue89.nouvelobs.com/2010/03/22/obama-et-la-sante-les-etats-unis-rejoignent-le-xx-siecle-143898

3. Idem.

4.http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/international/2016/02/23/001-plan-fermeture-guantanamo-cuba-congres-americain.shtml

5.http://affaires.lapresse.ca/opinions/chroniques/claude-picher/200904/21/01-848617-cuba-petite-histoire-de-lembargo.php

6.http://affaires.lapresse.ca/opinions/chroniques/claude-picher/200904/21/01-848617-cuba-petite-histoire-de-lembargo.php

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