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Émilie Paquin

Le français, how about no



Je commence cet article en précisant que je ne suis pas péquiste. Ni anglophobe. Je n’écoute même pas les chansons d’Alex Nevsky ou de Karim Ouellet. Et la St-Jean-Baptiste, vous ne m’y verrez pas avec des tatouages de fleurs de lys sur les joues, scandant « Je me souviens » sur le rythme Des Générations.


Mais god damn, qu’arrive-t-il au français ? (Toute qu’une ironie que deux mots sur neuf soit anglais).


Le français, il est au bûcher de l’hérésie, aux côtés des restants des sorcières de Salem, de Jeanne d’Arc et de Pierre Chapot.


D’abord, les joueurs francophones de l’équipe canadienne de hockey junior auraient l’interdiction de parler leur langue maternelle dans les conversations d’équipe. Les raisons sont tout de même justifiées : le message passe plus rapidement en le disant qu’une fois dans une langue et il est difficile d’assurer une cohésion au sein de l’équipe lorsque trois ou quatre joueurs préfèrent se parler dans la langue de Molière. Ce dernier élément est vital pour une équipe sportive, puisqu’on m’a même dit que lors d’un tournoi de hockey, les joueurs ne peuvent pas dormir dans la même chambre d’hôtel que leurs chums, souhaitant que tous se connaissent et s’entendent bien. Mais tout de même, interdire complètement le français (qui est, soit dit en passant, l’une des langues officielles du Canada, au cas où vous l’auriez oublié) relève d’une discrimination pure et simple envers les francos de l’équipe.


Surtout qu’à Équipe Canada junior, on compte sept joueurs francophones, entraînés par un Québécois, Dominique Ducharme. L’un de ces francophones, c’est Julien Gauthier, qui a enflammé les fougues des protecteurs de la langue d’Aznavour (soyons originaux) en déclamant, dans une entrevue à TVA Sports, que les joueurs francos se voient «découragés» d’utiliser le français et que ces derniers doivent donc «s’adapter plus vite dans un court laps de temps».


Ça donne presqu’envie de donner un gros câlin à nos six petits joueurs québécois et au joueur néo-brunswickois qui sont dans l’équipe.


Et l’entraîneur-chef de nuancer en disant qu’il s’adresse aux joueurs francos en français dans les conversations seul à seul et qu’il ne s’agit pas d’une « interdiction » à proprement parler.


Bon. Bel effort M. Ducharme, mais c’est désolant pour les joueurs francophones. Qui sait, s’il en avait été autrement, peut-être qu’Équipe Canada junior aurait une médaille d’or accrochée au cou plutôt qu’une médaille d’argent, suite au championnat mondial qui se déroulait en début d’année…


Aussi, je ne suis pas fière de m’y référer (et j’espère que vous me pardonnerez), mais le Journal de Montréal a dressé un excellent portrait des phrases sorties par des candidats à la chefferie conservatrice lors du (seul) débat en français prévu dans la course, le 17 janvier.


« Les Autochtones vivre dans le pauvre ». Aoutch. « Sans compromiser ». Re-Aoutch.


Dire que des personnes paient une fortune pour assister à des spectacles d’humour alors qu’ils n’ont qu’à allumer leur télé à Radio-Canada. Phrases toutes faites et malaise des candidats étaient au rendez-vous : on va se le dire, les militants conservateurs en ont eu pour leur argent dans cette salle du centre des congrès, à Québec.


Attention, ne pas lire « je suis parfaitement bilingue et tout le monde est poche » (surtout pas après avoir eu une conférence dans le cours de Droit de la santé où j’ai compris environ 7 mots et demi), mais j’y penserais deux fois avant de me lancer dans un débat et de massacrer l’autre langue, aux yeux de tous ceux qui la parlent. En fait, je callerais malade à ce débat.


Mais comme pour M. Ducharme d’Équipe Canada junior, bravo aux treize candidats conservateurs (en excluant peut-être les deux ou trois qui parlent un peu français ou qui sont francophones). Admirables efforts. Néanmoins, les groupes de francisation offerts dans plusieurs établissements scolaires doivent être ouverts aux candidats du Parti conservateur et non pas qu’aux immigrants.


***


Enfin bref.


Me voilà outrée.


Et après, on chiale (moi la première) en disant que notre beau français est massacré dans les salles de cours, dans les dissertations, dans les « si j’aurais » et dans les « ils sontaient ». Et ici, je ne fais pas allusion aux troisièmes années du primaire qui commencent leur apprentissage, mais bien aux étudiants cégépiens et universitaires (oui oui, il y en a qui disent « si j’aurais » en droit !) qui ne maîtrisent pas encore certains rudiments de la langue française. Mais je comprends un peu plus pourquoi désormais. Comment aimer écrire dans une langue lorsque celle-ci n’est même pas valorisée dans les équipes sportives, dans les propos de politiciens, dans son propre pays ?


Je comprends aussi pourquoi mon ami Xavier s’indigne lorsque la serveuse d’un restaurant ne communique que par l’anglais. Et pourquoi PKP a interpellé la chanteuse d’un groupe en disant « en français! ».


Bon, je prendrai peut-être ma carte du PQ prochainement.

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