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Camille Balzinger

Présidentiables no 3



Après la chronique précédente sur les deux candidats phares de la droite, regardons ce qu’il se passe plus à gauche chez Mélenchon et Hamon, estimés respectivement à 11,5 % et 14 % d’intentions de vote par l’IFOP le 18 février dernier. Si les observateurs pensaient à un rapprochement entre les deux candidats – leurs programmes se prêtant bien à cela –, il n’aura apparemment jamais lieu. Le Monde (quotidien français) a d’ailleurs mis en ligne le 20 février une comparaison approfondie des programmes de chacun afin de démontrer pourquoi une telle alliance s’avère improbable – voir « Les points de divergence entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon », sur www.lemonde.fr, du 20 février 2017 et par Simon Auffret.


L’hologramme – Jean-Luc Mélenchon articule son programme autour de sept axes, programme qu’il vient d’ailleurs de chiffrer ce week-end. Si son argument-choc reste l’instauration d’une sixième république – ce qui implique une nouvelle constitution – il prône aussi vouloir plus d’égalité sociale, mettre en place des mesures concrètes pour le respect de l’environnement et le développement durable, retrouver une souveraineté vis-à-vis les institutions de l’Union Européenne en sortant de certains traités, privilégier l’ONU à l’OTAN, favoriser le « progrès humain », et enfin faire rayonner la France à travers ses territoires maritimes. L’enjeu de sa candidature est clairement qu’il n’appartient ni au Parti socialiste, ni aux Républicains : si l’on observe un mouvement vers la sortie du bipartisme traditionnel en France, rien n’assure que les Français soient enclins à voter pour un candidat récidiviste hors parti traditionnel.


Le frondeur – Benoît Hamon veut légaliser le cannabis. Mais il veut aussi instaurer le revenu universel, faire reconnaître le burnout comme maladie professionnelle, entre autres. Étant donné son affiliation au parti socialiste, son programme est plus préconçu et en apparence plus précis que celui du parti d’extrême gauche. Un point de son programme absent de celui de Mélenchon est sans nul doute son projet pour la jeunesse. Cependant son programme s’axe autour de trois points : un progrès social et écologique, une république brillante et humaniste, et une France indépendante et protectrice. Il est intéressant de constater que les idées proposées sont novatrices sans pour autant pouvoir compter sur une opposition aux projets présentés par le gouvernement précédent. Aussi c’est la première fois dans la Ve République qu’un président sortant n’est pas candidat à sa propre réélection.


Une guerre des gauches? – Sans pour aller jusqu’à affirmer que l’aile gauche de la politique en France se livre à une véritable guerre, on assiste néanmoins à un petit conflit. Deux programmes si proches, peut-on penser, vont forcément amener les deux candidats à se rapprocher voir à joindre leurs candidatures. Mais c’est oublier une composante essentielle du jeu politique : on veut aussi le pouvoir. Et si les deux candidats assument vouloir le bien de la France à travers des idées très similaires, chacun cherche aussi indéniablement le pouvoir. Le paradoxe ici réside essentiellement dans le fait que la branche plus sociale de la politique pourrait se rapprocher, dans l’inconscient collectif, d’un idéal sociétal plus que d’un personnage fort incarnant ces idéaux. L’intérêt supposé de la nation dicterait alors en ce sens une candidature commune. Mais il a déjà été observé que, plutôt que de rassembler derrière un projet commun, les candidats des gauches quels que soient leurs convergences idéologiques, se cantonnent à représenter leur parti et de facto leur propre personne. Ainsi Mélenchon est en permanence le candidat perdant : en 2012 François Hollande avait en effet adopté l’une des mesures de ce dernier, gagnant de ce fait un nombre considérable de voies. Cela sera-t-il aussi le cas en 2017?

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