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Camille Balzinger

Présidentiable no 7


Unis dans la diversité. Ce slogan ne vous dit rien? Et pourtant… C’est la devise de l’Union européenne, annonce d’une ambition non plus seulement économique, mais un peu politique aussi. Parce que la Grande-Bretagne a entamé le processus de sortie de l’UE, via le mécanisme prévu, mais non encore utilisé de l’article 50 du Traité sur l’Union européenne (Traité de Lisbonne, 2007), le rôle de cette dernière est remis en question par certains des candidats à l’élection présidentielle. Mais alors déjà, à quoi sert-elle? Puis qui veut quoi et quels effets potentiels cela pourrait-il avoir?


Avant toute chose, petit retour sur les chiffres des sondages parce que c’est quand même intéressant de savoir ce que pensent les électeurs. Selon l’Ipsos au 28 mars 2017, 25 % des électeurs voteraient pour Marine Le Pen, 24 % pour Emmanuel Macron, 18 % pour François Fillon, 14 % pour Jean-Luc Mélenchon, 12 % pour Benoît Hamon, 3,5 % pour Dupont-Aignan, et moins de 1 % pour François Asselineau, Nathalie Arthaud, Philippe Poutou, Jean Lassalle, Jacques Cheminade.


Sous le vent – L’Union Européenne est une union politique et économique dotée d’une règlementation liant les pays membres et d’un système judiciaire propre. Différents niveaux d’adhésions existent : tous les membres de l’UE ne sont membres de la zone euro par exemple, tout comme l’incorporation des textes européens aux systèmes légaux domestiques dépend du mécanisme choisi par les pays pour eux-mêmes. L’organisation de l’Union européenne peut de prime abord faire penser à un État fédéral très décentralisé, si l’on passe outre les particularismes régionaux et locaux, culturels et sociaux. Unifiant bien des domaines juridiques, la qualification de confédération ou l’adoption d’une constitution européenne sont néanmoins des sujets sensibles et finalement peu importants. Les faits sont là : être pays membre de l’Union européenne influe grandement sur les politiques adoptées, diminue le champ décisionnel – négocier à 28 plutôt que décider seul – et peut sembler porter atteinte à la souveraineté. Mais il est réducteur de considérer l’UE comme une simple contrainte pesant sur ses états membres : elle apporte aussi aides et financements, harmonise le marché européen et le rend ainsi plus compétitif, tout en favorisant le commerce au sein même de l’Europe et en protégeant son économie, permet aux États à travers elle d’avoir plus de poids sur la scène internationale et diplomatique, entre autres.


Should I stay or should I go – C’est parce qu’elle porterait une trop grande atteinte à la souveraineté et à la liberté de la France que certains candidats prônent une sortie de l’UE. La crise migratoire a de même accru des préoccupations précédemment mineures, concernant pareillement les politiques sociales qu’un questionnement sur un renforcement des frontières. Asselineau et Mélenchon veulent tous deux sortir et de l’UE, et de la zone euro, et de l’OTAN. Aspirant à un retour à une démocratie effective et directe, ils estiment de manière assez similaire que ces derniers empêchent une réelle prise de pouvoir par le peuple et astreignent la France à des obligations qu’elle n’a ni choisies ni méritées. Cheminade désire quant à lui sortir de même de l’UE et de la zone euro pour refonder la France, suivant l’idée que cela est impossible si elle ne se définit pas seulement vis-à-vis elle-même – un peu comme un enfant qui devrait grandir sans influence avant de pouvoir faire preuve du discernement nécessaire au choix. Jean Lassalle veut réformer l’Europe, sans être si clair dans ce qu’il projette à cette fin, mais notant que la situation tend à être améliorée. Fillon et Macron sont assez d’accord sur les mesures à adopter : une Europe plus forte à la gouvernance renforcée, un euro de même plus fort. Macron cependant n’aborde pas la question des frontières, François Fillon plaçant leur renforcement en tête de file des nécessités s’il accède au pouvoir. Nathalie Arthaud et Philippe Poutou quant à eux n’ont pas de projet clair – en tous cas pas qui soit déjà détaillé – concernant l’Europe, mais veulent tous les deux que cette dernière se rapproche le plus possible d’États-Unis Socialistes d’Europe. Benoît Hamon adopte une position ambigüe : il semble sous-jacent que la place de la France n’est pas pour lui à remettre en cause, mais dans son programme figure néanmoins une nécessité de refonder l’Europe, pour sortir de l’austérité et préparer l’avenir, sans que les idées plus tard développées dans le programme n’aident à comprendre son réel but. Le Pen souhaite partir des accords de Schengen – volonté de retrouver des frontières nationales oblige -, de l’OTAN, et organiser un référendum sur le désir de français de se maintenir dans l’UE. Reste que dès aujourd’hui est fait par elle le constat qu’à peu près tout est dysfonctionnel dans l’Union, et qu’elle désire instaurer une monnaie nationale, donc sortir de la zone euro, tout en conservant une monnaie de commerce parallèle à la monnaie courante (qu’elle appellerait l’Ecu). Enfin, Dupont-Aignan s’aligne sur Le Pen, mais avec une préférence pour la négociation, tendant à voir se former une communauté des États Européens.


Ne me quitte pas – Parce que ce ne sont que des programmes et promesses de campagne, ces idées de refonder ou renégocier ou quitter l’Union européenne restent très utopiques dans la tête des électeurs. Phénomène culturel ou méconnaissance des vrais enjeux, rares sont ceux qui peuvent prédire les effets d’un tel chamboulement pour la France. S’il est certain que le Brexit a déclenché une prise de conscience en France quant à la réalité d’une possibilité de rompre avec l’UE, il n’est pas certain que cela mènera irrémédiablement le prochain président à entamer une procédure similaire, étant donné l’ampleur de la tâche et les implications politiques subséquentes.


Mais il est hasardeux de prédire, vain de deviner, et finalement inutile de parier. Il y a trop de facteurs encore incertains pour pouvoir n’avoir qu’une once d’idée sur la faisabilité des projets de chaque candidat, et trop d’exemples passés pour savoir qu’entre promesses de campagne et projets concrets à la présidence, l’écart est large.


Sinon, Europe, c’est aussi ça : https://www.youtube.com/watch?v=9jK-NcRmVcw

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