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Patricia Yao

MAKE MYSELF GREAT AGAIN



Le deuxième et dernier mandat du président Barack Obama a pris fin en janvier dernier. Dans la foulée des élections américaines, plusieurs candidats se sont présentés en vue de succéder au premier président afro-américain des États-Unis. On le sait tous, nos voisins du Sud ont alors désigné comme heureux élu Donald Trump.


Reconnu pour ses propos obscènes, les médias des quatre coins de la planète en ont fait leurs choux gras. À première vue, le 45e président du pays de l’oncle Sam adore capter l’attention de son auditoire, si bien qu’il chérit son apparence notamment par l’entretien de ses cheveux blonds aux allures de la poupée Ken. De ce fait, il convient non pas de simplement le qualifier de narcissique, mais plutôt de pervers narcissique.


Représentant 2 à 3 % de la population, les pervers narcissiques sont souvent associés à des manipulateurs. Ils sont des comédiens innés, des auto-élus victimes, des égocentriques et ils misent sur l’ignorance des autres. Leur discours est blanc, alors que leurs gestes sont noirs.


Néanmoins, en dépit du fait qu’il est raciste, homophobe, sexiste, xénophobe, et tous les termes que vous voudrez, les pervers narcissiques comme lui ont un point en commun : un profond manque d’estime de soi. Le magnat de l’immobilier n’y échappe pas.



L’amour à l’ère du numérique

D’entrée de jeu, un manque d’estime de soi est un sentiment d’infériorité par rapport aux autres, et engendre un terrible besoin d’attention. Tant bien que mal, le milliardaire recherche l’amour des tiers à travers différents véhicules, à commencer par Twitter.


Le 21e siècle est sans aucun doute l’ère du numérique. Les médias sociaux constituent des instruments hors pair pour des personnes qui se sentent mal dans leur peau. Le simple fait de publier une photo, un statut illustrant son état d’âme et/ou de partager des vidéos enrichit cette dépendance du regard d’autrui.


Jeter de l’huile sur le feu avec une publication sur Twitter attire l’attention des internautes. Ces derniers remarquent l’homme américain et s’attardent à son cas. Puis, comme Trump se sent valorisé, il retrouve son réconfort tant recherché.


Certes, le magnat de l’immobilier a du mal à entretenir une relation saine avec les médias. À titre d’exemple, le riche homme d’affaires américain conteste les chiffres énoncés par les journalistes au sujet du nombre de personnes ayant assisté à son investiture. Il insiste et prétend que les Américains étaient nettement plus présents qu’aux inaugurations de l’administration Obama.


Pourtant, ces chiffres ont-ils réellement une importance à l’égard du rôle qu’un président doit jouer? Aucunement. Sauf qu’en faisant cela, les médias ont touché le talon d’Achille de Trump. Puis, malgré eux, ce différend a continué à se perpétuer au point où certains ne peuvent plus mettre le pied à la Maison-Blanche.


Cela dit, comme l’a bien dénoté Meryl Streep, la position de président des États-Unis est l’un des postes les plus prestigieux et respectés à ce jour. Bien qu’il n’ait pas encore rendu à l’Amérique sa grandeur, n’empêche qu’il a réussi à se rehausser. Make myself great again, right ?



Diviser pour mieux régner

Ironiquement, un manque de confiance engendre un effet totalement antithétique du précédent. Un individu ayant une estime de soi altérée aura tendance à se construire un mur et, par le fait même, à créer un personnage auquel il aspire être. Au fur et à mesure que l’édification sur les vestiges se fait, il finit par croire à cette image utopique de lui-même. À l’aide de cette carapace construite et de ce dudit protagoniste rêvé, un pervers narcissique arrivera finalement à rejeter ses peurs.


Il convient de constater que le milliardaire a une peur bleue des immigrants. En effet, à ses yeux, ce sont des personnes issues de cultures différentes des hommes américains blancs. Trump justifie ensuite leur exclusion en utilisant des principes moraux tels que le droit à la sécurité. Pour protéger les citoyens, il faut investir dans les forces armées.


D’autant plus que dans le cas du magnat de l’immobilier, pourquoi se limiter à des lois plus restrictives en matière d’immigration, alors que l’on peut ériger un mur entre les Américains et ces clandestins Mexicains. L’idée de construire un mur reflète en réalité la propre muraille que le riche homme d’affaires s’est érigée. Autrement dit, la projection de lui-même.


Dans sa lutte contre le terrorisme, le président Trump a émis des décrets migratoires interdisant l’entrée aux États-Unis de ressortissants de certains pays du Moyen-Orient. J’aimerais donc profiter de l’occasion pour me positionner à ce sujet.


« Les musulmans ne sont pas des terroristes, mais les terroristes sont tous des musulmans ». Cette phrase-ci, je l’ai entendue trop peu souvent et pour ceux qui y souscrivent, ce serait tout simplement mal connaitre la religion de l’islam. Je soutiendrai mes propos par ce simple questionnement : avez-vous déjà ouvert et lu le Coran?


Comme bon nombre de croyances spirituelles, les pratiquants doivent en principe adhérer à un livre sacré, c’est-à-dire l’essence même de leur religion. En voici d’ailleurs quelques extraits :


Et ne vous tuez pas vous-même, Allah, en vérité, est Miséricordieux envers vous.


Quiconque tue intentionnellement un croyant, Sa rétribution alors sera l'Enfer, pour y demeurer éternellement. Allah l'a frappé de Sa colère, l'a maudit et lui a préparé un énorme châtiment.


Ne détruisez point la vie que Dieu a rendue sacrée.


On dénote avant tout que l’islam condamne le suicide et les homicides. Le Coran ajoute ensuite qu’Allah, étant le seul Dieu, valorise au contraire la vie sacrée qu’il a su offrir aux vivants. À mon sens, on ne saurait ainsi dire que des individus qui tuent des milliers d’innocents civils chaque année sont qualifiés de musulmans. Qui plus est, les kamikazes qui commettent des attentats-suicides sont formellement interdits par la religion. Et, tout compte fait, ces terroristes n’adhèrent pas aux paroles sacrées d’Allah, et prônent à l’inverse des idéologies de nature politique.


***


À la lumière de ce qui précède, dénigrer le magnat de l’immobilier pour les actes qu’il pose depuis l’entrée de son mandat ne mènera à rien. À mon humble avis, il est beaucoup plus effectif de comprendre la raison des agissements de cet homme. C’est d’ailleurs l’exercice auquel je me suis prêtée.


Certains présentent l’impeachment comme étant une solution. Il s’agit d’une procédure en droit américain qui permet de destituer notamment un président de ses fonctions. Ceci étant dit, ce processus est très complexe et nécessite le respect de plusieurs formalités. De surcroit, advenant la révocation de Trump, le vice-président Mike Pence serait son successeur. Étant le bras droit du milliardaire, il préconise les mêmes positions politiques. Si bien qu’avec Pence au pouvoir, les Américains retourneraient à la case départ.


Le vrai problème qui subsiste depuis trop longtemps réside au sein de la société. Lorsque l’on parle par exemple de xénophobie, ce n’est pas une problématique individuelle, mais bien collective. L’arrivée du milliardaire ne fait qu’empirer la situation. Il dit à haute voix ce que malheureusement bon nombre de gens pensent tout bas.


Les derniers remparts d’un État de droit sont en théorie les personnes en charge du pouvoir judicaire. J’estime plutôt qu’en pratique, les véritables remparts sont les justiciables eux-mêmes. Le silence est le plus grand adversaire aux problèmes sociaux. Il propage des peurs inexistantes et divise une population. En revanche, l’information permet aux citoyens de prendre conscience des enjeux sociétaux.


Il va sans dire que depuis les élections américaines, divers groupes et mouvements sont nés, au grand dam des détracteurs. Pensons notamment au Women’s March, aux manifestations contre le Muslim Ban et aux nombreux juristes qui ont prêté main forte aux victimes des décrets migratoires. Ainsi, il est permis de croire qu’une lumière d’espoir se profile à l’horizon, et que, par la force des choses, l’avenir sera rose au pays de l’oncle Sam.

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