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Sofia Panaccio et Lydia Amazouz

Les dessous de la course au bâtonnat 2017 - Entrevue avec la bâtonnière Me Lu Chan Khuong


La semaine dernière, Le Pigeon Dissident a eu l’opportunité de s’entretenir avec la bâtonnière Me Lu Chan Khuong au sujet de son parcours atypique, des enjeux touchant les jeunes œuvrant dans le milieu juridique et, bien entendu, de sa candidature au bâtonnat 2017.


Le cheminement de Me Khuong, peu conventionnel, mais fort inspirant, semble avoir tout à fait forgé sa chaleureuse personnalité et son incroyable détermination. Cette dernière a d’abord suivi la lignée familiale en effectuant un baccalauréat en administration avec une concentration en finance. Son intérêt pour le droit fut inusité, puisqu’aucun membre de sa famille à l’époque n’œuvrait dans ce domaine. Certes, elle s’inscrit en droit à l’Université du Québec à Montréal, mais effectue un baccalauréat interuniversitaire, car elle désire retirer le meilleur de chaque méthode d’étude afin de consolider ses apprentissages en droit. D’ailleurs, Me Khuong souligne qu’elle a beaucoup apprécié l’aspect social et l’importance du travail en équipe de l’UQÀM. Alors qu’elle était aux études, Me Khuong donnait des cours d’aérobie cinq fois par semaine, travaillait comme serveuse et corrigeait pour ses professeurs d’université. Elle précise, en soulignant l’importance d’un bon réseau, que ce sont tous « des emplois qui lui ont permis de connaitre et de se faire connaitre ». Selon Me Khuong, les échanges interpersonnels sont une source d’apprentissage et d’enrichissement, puisqu’« on peut toujours s’inspirer des autres d’une manière ou d’une autre. »


Après avoir complété ses deux baccalauréats, travaillé dans le domaine du droit et eu ses deux enfants, la bâtonnière a décidé de retourner à l’université afin d’effectuer une maitrise en droit des affaires (MBA). Son retour à ses premières amours, soit l’administration et la finance, est justifié par sa croyance qu’il faut continuellement diversifier son cheminement académique et professionnel. Les paroles de Me Khuong à ce sujet sont d’ailleurs très éloquentes : « Repoussez les limites et n'oubliez pas que vos limites, c'est vous qui les fixez. Toujours plus haut. Toujours plus loin. Poursuivez vos passions et travaille fort. Soyez sans cesse en mouvement, car autrement, vous reculez. » À cet égard, Me Khuong conseille aux étudiants en droit d’acquérir une compétence dans un domaine extérieur au droit afin de parfaire leurs connaissances juridiques. Son parcours atypique a été inspiré des conseils de son père, réfugié du Cambodge, qui lui a toujours enseigné que l’instruction et le savoir sont des choses qu’on ne pourra jamais lui enlever. Me Khuong précise à cet effet qu’il n’y a pas qu’un seul modèle de réussite et que l’essentiel est de réaliser nos passions. « Aller à l’école, faire la course au stage, passer son Barreau, travailler comme avocat, devenir juge et prendre sa retraite : ce n’est pas le modèle unique de réussite. » À cet égard, « soyez différent » est l’un des conseils que Me Khuong n’a cessé de nous donner.

Me Khuong, qui avait quitté ses fonctions comme bâtonnière du Québec en septembre 2015, a l’audace et l’inspirante motivation de se représenter comme candidate au bâtonnat 2017. La course promet d’être serrée entre les trois candidats : l’actuelle bâtonnière Me Claudia P. Prémont, Me Paul-Matthieu Grondin, et, bien entendu, Me Khuong. La principale motivation de Me Khuong pour sa campagne en ce printemps 2017 est la déception qu’elle entretient à l’égard de l’administration actuelle du Barreau. Elle précise que les réformes et idées qu’elle avait mises en place lors de son précédent mandat qui remonte à 2015 n’ont pas été respectées. Parmi ses propositions, on y retrouvait notamment la diminution du salaire du bâtonnier, le problème des cotisations et l’abolition des stages non rémunérés qui, d’après l’avis de Me Khuong, ne devraient pas exister question d’équité et de respect.


C’est avec enthousiasme que la bâtonnière nous explique le volet jeunesse de sa plateforme électorale qui repose sur le changement, l’ouverture et la création de liens intergénérationnelles. Cette dernière désire avant tout décloisonner l’ordre professionnel, c’est-à-dire de favoriser les implications et les collaborations avec d’autres domaines professionnels que le droit. Ainsi, Me Khuong recommande aux jeunes avocats de sortir de leur zone de confort juridique et d’établir des liens avec d’autres professions afin de s’épanouir. D’une part, elle précise qu’il ne faut pas contingenter l’école du Barreau, puisqu’il semble que cela soit une mesure trop tardive. En effet, elle considère désobligeant de retrancher des étudiants au Barreau qui ont déjà consacré trois ou quatre ans à l’étude du droit. Elle croit que cette sélection devrait se faire plus en amont dans le cheminement académique des étudiants en droit. D’une autre part, Me Khuong souhaite que le Barreau investisse davantage dans les programmes de mentorat. C’est un élément essentiel d’après elle qui permet l’enrichissement d’une part et le rafraichissement d’une autre. Donc, ce sont des échanges donnant-donnant entre les étudiants ou jeunes professionnels et les avocats plus expérimentés qui permettent, par la création de lien et la transmission de savoir, d’avoir un aperçu de la pratique concrète en dehors de la théorie enseignée à l’université et à l’école du Barreau. Par ailleurs, la bâtonnière planifie de métamorphoser le journal du Barreau si elle remporte le bâtonnat 2017. Effectivement, elle considère ce dernier comme désuet et unidirectionnel. Me Khuong désire que ce journal permette non seulement de renseigner les avocats, mais puisse aussi leur offrir une plateforme sur laquelle ils pourront exprimer leur opinion sous forme de lettres ouvertes. Me Khuong affirme qu’il faut moderniser cet outil du Barreau en incitant les avocats à y publier des textes de vulgarisation concernant des sujets d’actualité.


La campagne de Me Khuong, très dynamique et chargée, semble miser sur le vote jeunesse. En effet, les idées qu’elle propose sont très axées sur l’investissement dans les nouvelles générations d’avocats. Cette dernière désire que le Barreau du Québec soit plus accessible et plus près des jeunes. Elle rappelle l’importance des médias sociaux et du réseautage (clin d’oeil à notre belle rencontre avec Renaud Benoit Paquin, président cofondateur de Cocktails Juridiques. D’ailleurs, allez aimer leur page Facebook, vous ne le regretterez pas!). Elle mentionne à ce sujet qu’elle est disponible sur Twitter, Instragram, Facebook et Linkedin, car Me Khuong désire être près des jeunes afin de les aider et de les inspirer. Cette dernière nous affirme d’ailleurs avec conviction « foncez, osez et ne choisissez pas le chemin le plus facile, car ce sont les défis qui vous façonneront ».


Enfin, la bâtonnière semble confiante quant à sa campagne et ses idées de réforme, elle s’adresse avec humour à ses électeurs de cette manière : « Si vous trouvez que la justice se porte bien, que la cotisation est juste, que tout est parfait, s’il vous plait, ne votez pas pour moi, car je vais ouvrir les fenêtres de l’ordre professionnel et insuffler un vent nouveau puisque nous sommes en 2017, après tout! »



Conseils de la bâtonnière Me Lu Chan Khuong pour étudiants en droit


Investir en soi-même « Le meilleur investissement, c’est vous-même » nous affirme la bachelière en commerce titulaire d’un MBA et œuvrant dans le milieu du droit des affaires. À son avis, il faut continuer « à cultiver notre curiosité intellectuelle, à s’informer, à s’impliquer, à se faire connaitre et à être fière de nos différences ».


Participer à des concours de plaidoiries Les concours de plaidoiries sont, d’après elle, « très formateurs au niveau de la gymnastique intellectuelle ». Ce sont des outils qui permettent de structurer la pensée critique tout en offrant la possibilité aux étudiants de se familiariser avec la pratique concrète du droit. Me Khuong a participé au concours de la coupe Gale lorsqu’elle était elle-même étudiante en droit.


Pratiquer un sport qui nous passionne Selon Me Khuong, il ne faut jamais abandonner la pratique d’une activité sportive qui nous tient à coeur au détriment de nos études ou de notre travail, car le sport « nous permet de prendre du recul, de ventiler et d’oxygéner notre pensée ». La bâtonnière, elle-même très sportive, n’a jamais cessé la pratique de l’aérobie même lors de ses études en droit.



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