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William Fradette

10 chandelles pour l'Iphone


Le 12 septembre dernier, Apple a officiellement lancé deux nouveaux iPhones. Avec quoi se retrouve-t-on en tant que consommateur ou amateur de technologie? La réponse est une gamme de téléphones de plus en plus difficile à suivre, même pour les connaisseurs — et deux appareils sommairement différents, mais incomplets. Voici quelques clarifications, critiques et réflexions sur le présent et le futur d’un produit innovant d’une compagnie qui se cherche encore 10 ans après.


Plusieurs personnes ont été déboussolées lors du dévoilement, la semaine dernière, de l’iPhone X (dix en chiffres romains) en raison de la venue — ou plutôt de la disparition — de plusieurs technologies sur le nouveau porte-étendard de la marque à la pomme. Mais, surtout, plusieurs sont restés dubitatifs devant l’iPhone 8, dont l’arrivée fut marquée d’un peu plus de modestie et de retenue en comparaison de son petit frère. Je dis « son petit frère » pour deux raisons. D’une part, personne ne peut nier la parenté génétique de ces deux-là. Même processeur, l’A11 Bionic, aux performances encore plus « flashy » que son nom ; mêmes lentilles que l’itération 8 Plus, mais à la verticale ; même chargement sans-fil ; même derrière de verre. Bref, vous voyez le genre. D’autre part, personne ne va me faire croire que l’iPhone 8 n’est pas un iPhone 7 sur les stéroïdes, lui-même un iPhone 6S sur les stéroïdes, lui-même un iPhone 6 sur les stéroïdes. En gros, l’iPhone 8 est nécessairement le grand frère du X puisqu’il est la suite logique d’un appareil sorti en 2014.


La différence maintenant c’est que le X n’est pas une évolution de l’iPhone 8, c’est une vision, un coup d’œil dans l’avenir de la mobilité cellulaire. On est dans la philosophie industrielle qui se vend à grands coups de mots compliqués, comme seul Apple sait le faire. Si l’an dernier on nous vendait le « courage » d’enlever le désuet port jack avec l’iPhone 7 et de lancer une nouvelle ère pour le sans-fil, cette année on nous vend le futur de la technologie, un guide à suivre pour les prochaines dix années, et ce en 2017 ! Ouais, mettons… En dehors du discours marketing, on a deux différences majeures, car comme je le mentionnais les deux appareils partagent la plupart des pièces vitales pour le téléphone. Premièrement, la plus évidente est l’écran ; une jolie dalle DELo aux coins ronds (merci, Samsung), qu’Apple décrit sans aucune gêne comme le premier de ce type digne d’être monté sur l’iPhone. D’accord. Deuxièmement, pour accommoder en partie la première, on constate la disparition subite de TouchID, une caractéristique-phare de la marque. Le lecteur d’empreinte, présent depuis 2013, à l’époque du (regretté ?) iPhone 5S, était et est apprécié des utilisateurs. Pratique, fiable et relativement sécuritaire, c’est encore le moyen privilégié par la majorité pour ouvrir son appareil. L’iPhone X remplace cette fonction par FaceID, soit la reconnaissance faciale. J’ai quelques critiques à formuler sur ces deux sujets.


Une belle technologie

En 2013, Tim Cook, sur son arbre perché, tenait à peu près ce discours : les écrans DELo, par leurs couleurs saturées, ne donnent pas de belles images. On croirait une fable, celle d’Apple dénigrant une technologie pour mieux se l’approprier quelques années plus tard. À sa défense, c’est vrai que les dalles avaient la fâcheuse manie de rendre les couleurs complètement irréelles et que l’enjeu d’obtenir des noirs plus profonds ne devrait pas non plus se faire au détriment d’une reproduction fidèle des images. Or, ce compromis n’est plus d’actualité vu le développement de la technologie et les coûts qui sont devenus beaucoup plus acceptables pour la marge de profit, qui avoisinerait les 60-70% pour les modèles antérieurs. On peut croire que le X coûte plus cher en raison de l’écran, considérant son prix de départ à 1000 dollars américains, mais Apple ne sera pas dans le trou pour autant.


Ce qui me dérange avec la technologie qu’Apple met dans ce dernier iPhone, ce n’est pas elle en soi ni sa forme, c’est qu’on a privé l’iPhone 8 de la dalle qu’il méritait. Les DELo, c’est tout nouveau pour la firme de Cupertino, mais on peut remonter aussi loin qu’au (regretté ?) Samsung Galaxy S, en 2010, pour voir une commercialisation de masse des DELo. Donc, depuis 7 ans, Apple dénigre une technologie qui a fini par s’imposer comme un standard et au moment de la récupérer, elle ne le rend disponible que sur le haut de gamme du haut de gamme. C’est un peu frustrant, puisque la majorité des consommateurs vont se tourner vers l’iPhone 8 et se rendre compte que l’écran « enfin digne d’être sur un iPhone » n’est pas sur leur téléphone. On assure pourtant, moyennant le prix, que c’est bel et bien un iPhone, ce qui est incohérent à mon avis et vraiment indigne d’Apple. Faire une dalle DELo rectangulaire, c’était parfaitement faisable, mais pour des raisons que je m’explique mal ($?) on n’a pas cru bon de le faire. C’est dommage.


FaceID ou TouchID? Un faux dilemme

Je suis tenté de critiquer le retrait du mythique bouton Home — que j’adore — mais je vais me limiter au retrait plus général de la technologie TouchID. Comme je le disais, c'est une fonction appréciée de presque tous pour son aspect pratique. Non, ce n’est pas parfait, mais c’est mieux que de taper un code 100 fois par jour. Maintenant, on nous arrive avec un remplaçant (que personne n'avait demandé): FaceID. Plusieurs réflexions me viennent en tête malgré qu’Apple ait littéralement passé une bonne quinzaine de minutes à essayer de me rassurer.


Premièrement, je comprends que la méthode des points infrarouges soit plus « sécuritaire », à 1/1 000 000 contre 1/50 000 pour les empreintes digitales. Sauf que concrètement, ça ne change pas grand-chose, puisque c’est le code numérique qui reste la solution ultime pour le déverrouillage de l’appareil. Sans cela, ni Apple, ni le FBI, et ni la CIA ne pourront ouvrir votre téléphone. Deuxièmement, on se sert de l'argument « sécurité » pour se débarrasser d’une fonction qui est avant tout pratique. L’empreinte digitale, on le sait que ça a ses limites, mais on sait surtout que c’est plus rapide pour accéder à son cellulaire. Si l’argument principal était réellement la sécurité, on obligerait un code à 8 chiffres (1/100 000 000). Or, ce n’est pas ça la vocation de TouchID pour l’utilisateur moyen. Troisièmement, la nécessité de fixer le téléphone — partant du fait que FaceID soit aussi performant qu’Apple le dit — est une barrière en soi à la technologie, parce que la majorité des gens ne veulent pas avoir l’air de weirdos en déverrouillant leur appareil. Nous voulons simplement mettre notre pouce quelque part pour que ça ouvre. Il me semblait que les tentatives échouées et successives sur Android (dès 2012 !) auraient pu sonner une cloche dans la tête du département de l’expérience client…


Deux produits incomplets, une occasion manquée

Au final, on a l’impression que le géant de l’informatique nous a présenté un iPhone presque arrivé à maturité et un prototype imparfait. J’explique. Les ajouts de taille dans l’iPhone X auraient été facilement transposables à l’iPhone 8. Le DELo et la reconnaissance faciale auraient très bien pu se joindre à la liste déjà impressionnante de technologies embarquées dans le téléphone. L’iPhone 8, avec ces ajouts, aurait pu être détaillé plus cher, car après tout c’est « l’iPhone le plus puissant jamais conçu ». À cause de l’iPhone X, comme me disait une amie, l’iPhone 8 semble désuet, et avec le marketing mis de l’avant par Apple, on peut légitiment se demander si ce n’est pas le cas.


Pour le dixième anniversaire du gadget qui a bousculé une industrie complète, je me serais attendu à plus. Le fameux « one more thing » parut cette année avoir perdu toute sa puissance tant l’appareil avait été dévoilé par les fuites.


Je terminerai avec un parallèle intéressant avec l’Apple Watch. C’est assez frappant : les deux produits visent un public de niche, font l’objet de fuites longtemps à l’avance, sortent en différé du reste de la gamme Apple et sont présentés comme une révolution alors qu’ils accusent dans les faits un retard technologique important. J’y vais donc d’une prédiction : d’une part, vous et bien des gens n’achèterez pas le X, d’autre part, Apple n’éliminera pas le format classique des iPhone dans la prochaine décennie.



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